Ile de la Réunion : Loi programme, les patrons vont être servis09/08/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/08/une1776.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Ile de la Réunion : Loi programme, les patrons vont être servis

Le gouvernement Raffarin s'apprête à faire voter une loi-programme pour l'outre-mer pour les quinze prochaines années. Girardin, la ministre des DOM-TOM de passage dans l'île, a dévoilé quelques mesures de cette loi, comme par exemple la mise en place d'un " passeport mobilité " qui financerait les billets d'avion pour un certain nombre de jeunes souhaitant partir en France pour se former ou chercher du travail. Mais rien ne garantit qu'à l'issue de leur formation ils trouveront un emploi stable avec un salaire décent.

Jusqu'ici, la Région, via le CNARM, assurait partiellement ou totalement ce financement. Mais cela ne profitait pas à tous les jeunes. Ainsi, ceux qui devaient passer certains concours en France, comme pour accéder à la Fonction publique par exemple, devaient payer de leur poche.

La presse a présenté ce " passeport " comme étant un moyen de lutter contre le chômage des jeunes qui touche 60 % des moins de 25 ans. Mais rien n'a été dit sur les conditions d'accueil et d'hébergement pour tous ceux qui accepteront de partir. Depuis des années on a encouragé les jeunes à s'expatrier pour fuir le chômage. Mais une fois arrivés en France, ils se retrouvent bien souvent dans des situations difficiles. C'est le cas des jeunes recrutés récemment par le métro parisien via le CNARM. Ils ont été logés à plusieurs dans une même chambre d'hôtel. D'autres habitent dans des studios dont les loyers dépassent les 450 euros, alors que leur salaire est de 1310 euros net. Pourtant, le CNARM et les responsables du métro leur avaient promis un logement dès le troisième mois, surtout pour ceux qui avaient des enfants.

Et puis, que propose Girardin pour les jeunes qui ne veulent pas s'expatrier ? Comme ses prédécesseurs de droite ou de gauche, elle propose de nouvelles mesures en faveur du patronat sous prétexte de lutte contre le chômage. Dans la loi-programme elle envisage, par exemple, d'étendre les dispositifs de la loi d'orientation à toutes les entreprises et à tous les secteurs, ce qui voudrait dire que même les grandes entreprises bénéficieraient des baisses de charges sociales pour les dix premiers salariés.

Bien évidemment, le patronat se réjouit des annonces faites par Girardin. Il souhaite même que le gouvernement aille plus loin et déclare qu'il va continuer à faire pression, ce qui dans son langage châtié se dit " propositions ".

Du côté de la gauche, le PS local et le Parti Communiste Réunionnais ont du mal à porter une critique, ce qui n'est pas surprenant puisqu'ils ont voté la loi d'orientation, adoptée sous le gouvernement Jospin, qui offre au patronat plus de 259 millions d'euros par an (1,7 milliard de francs), sans compter les avantages financiers liés à la loi Aubry sur le passage aux 35 heures.

Les travailleurs, les chômeurs, les jeunes ne doivent donc avoir aucune illusion sur cette loi-programme puisque l'essentiel de cette loi sera fait pour le patronat petit ou grand.

Partager