Affaire Audin : La justice continue de couvrir les tortionnaires19/07/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/07/une1773.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Le passé de l'Etat Français

Affaire Audin : La justice continue de couvrir les tortionnaires

Quanrante-cinq ans après l'assassinat de Maurice Audin, un juge vient une nouvelle fois de sauver la mise à l'armée en empêchant une instruction.

Maurice Audin était assistant de mathématique à la faculté d'Alger et militant du Parti Communiste Algérien. Il fut arrêté par les parachutistes du général Massu le 11 juin 1957. C'était en pleine Bataille d'Alger, l'armée française avait alors les pouvoirs de police pour rechercher les militants du FLN algérien ou tous ceux susceptibles de les aider. Elle ratissait les rues d'Alger, arrêtait sur le moindre soupçon et usait largement de la torture et des exécutions sommaires.

Les parachutistes torturèrent Maurice Audin pour tenter de remonter jusqu'aux dirigeants du Parti Communiste Algérien. Au bout de plusieurs semaines, les autorités annoncèrent à sa femme, Josette Audin, que leur prisonnier s'était enfui. En réalité, il avait été exécuté par ses tortionnaires.

De 1957 jusqu'à aujourd'hui, l'armée a toujours réussi à éviter la moindre enquête, entre autres grâce aux nombreux décrets comme celui de 1962 qui amnistie " les faits commis dans le cadre des opérations de maintien de l'ordre dirigées contre l'insurrection algérienne ".

L'an dernier, les aveux du général tortionnaire Aussaresses ont poussé Josette Audin à déposer une nouvelle plainte pour " crime contre l'humanité, enlèvement et séquestration ". Une telle formulation permettait d'essayer de contourner les amnisties car le corps de Maurice Audin n'ayant jamais été retrouvé, la séquestration aurait pu théoriquement se prolonger au-delà de 1962.

Mais le juge d'instruction a refusé la plainte. Selon lui, puisque Josette Audin a déjà porté plainte en 1957 pour " homicide volontaire " et que, plus tard, elle a " accepté un dédommagement pour le préjudice résultant du décès de son mari ", cela signifie qu'elle est " persuadée (...) que son mari est mort " depuis 1957. Quant aux plaintes pour " enlèvement " et " crime contre l'humanité ", la première tombe sous le coup de l'amnistie de 1962 et la seconde serait irrecevable, puisque ne s'appliquant qu'aux crimes commis pendant la Seconde Guerre mondiale ou après 1994.

Cette affaire montre que quarante ans après la fin de la guerre d'Algérie, généraux, magistrats et politiciens sont toujours prêts à couvrir les crimes de l'impérialisme français.

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