Taudis parisiens : La tuberculose frappe les plus pauvres05/07/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/07/une1771.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Taudis parisiens : La tuberculose frappe les plus pauvres

Trente-cinq cas de tuberculose ont été récemment recensés dans un foyer de travailleurs immigrés du 12e arrondissement de Paris. Ces cas ne sont certainement pas les seuls, compte tenu du nombre de sans-logis, de mal-logés et de taudis ainsi que de foyers de travailleurs immigrés dans un état lamentable, dans lesquels une population précarisée s'entasse dans des conditions épouvantables. Et ce ne sont pas les plans successifs du gouvernement Jospin, concernant " l'éradication de l'habitat indigne ", qui ont changé en quoi que ce soit la situation.

En annonçant ces cas de tuberculose, les responsables de la mairie de Paris ont déclaré que " la situation est aujourd'hui bien contrôlée, les personnes infectées étant toutes sous traitement et suivies par les équipes médicales de la ville ". Il n'y aurait pas non plus de quoi s'inquiéter d'une contagion possible puisqu'il s'agit " d'une forme débutante " de la maladie, sans aucun " caractère de gravité " et sans " risque contagieux ".

Il reste qu'en ce début de 21e siècle, en plein coeur de la " ville lumière ", la tuberculose réapparaît alors qu'elle avait pratiquement disparu en France depuis des décennies et qu'on sait parfaitement la prévenir et la guérir. Seulement, elle reste une maladie de la pauvreté, de la misère, liée au manque d'alimentation correcte et à des conditions de vie et d'hygiène indécentes. Elle fait toujours partie de ces maladies infectieuses qu'on sait soigner mais qui sont pourtant la principale cause de décès dans les pays pauvres de la planète. Cette maladie frappe ici des travailleurs immigrés et leurs familles vivant dans les foyers, dont une partie importante ne peut obtenir des pouvoirs publics les papiers qui, en permettant la régularisation de leur situation, leur ouvriraient des possibilités de vivre autrement qu'entassés dans des bâtiments insalubres et, en particulier, leur permettraient d'avoir accès à un suivi médical normal. Mais si la mairie de Paris s'est voulue rassurante, elle n'annonce rien de sérieux pour supprimer les causes de la situation.

Le foyer du 12e arrondissement en question est vieux d'une trentaine d'années. Il compte officiellement 340 lits mais abrite jusqu'à 800 personnes, pour l'essentiel des travailleurs africains et maghrébins, à raison d'une dizaine de personnes par chambre de 15 m2. A Paris, il existe quelque 46 foyers de travailleurs immigrés, souvent laissés à l'abandon par leurs gestionnaires et cela alors que de prétendus programmes de rénovation sont en cours. Ainsi, en 1997, le gouvernement avait lancé un plan de rénovation sur cinq ans des foyers. Il s'agissait d'un plan de plus, succédant aux précédents et qui, comme les précédents, a été suivi de bien peu d'effets. L'équivalent de 275 millions d'euros avait été débloqué pour 326 opérations de " réhabilitation- restructuration ". En octobre 2001, seulement 90 opérations avaient été réalisées ou simplement " engagées ". Autant dire qu'au terme des cinq ans, soit en 2003, le plan initial sera très loin d'être achevé... même si les fonds auront été engloutis. Aujourd'hui, les pouvoirs publics parlent de lancer une enquête... pour mieux comprendre le fonctionnement des foyers et leurs conditions d'occupation. Comme si la situation n'était pas connue et les remèdes aussi.

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