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Les scandales du capitalisme
Malversations, escroqueries, faillites : Le capitalisme au quotidien
On avait fait un roman de la fabuleuse ascension de Jean-Marie Messier, héros de notre époque, un peu comme l'était, il y quelque temps, Tapie, comme l'est en Italie d'aujourd'hui Berlusconi. On nous les a présentés comme des aventuriers des temps modernes, des modèles de la réussite, sinon sans peur, du moins sans reproche, en tout cas, on vient de le voir, sans scrupule. Les péripéties récentes, en particulier aux USA, mais aussi ici, viennent de démontrer que ces contes de fée avaient peu de chose à voir avec une réalité faite de trucages, de malversations, de mensonges, de falsifications et de coups bas.
A propos des affaires dans lesquelles le bien nommé monde des affaires est impliqué aux USA, on apprenait en lisant la chronique d'Eric Le Boucher, spécialiste de l'économie, dans Le Monde daté du 30 juin - 1er juillet 2002, que 70 % des contrôles effectués par la SEC, l'équivalent de la COB, organismes chargés du contrôle de la régularité des opérations boursières respectivement aux USA et en France, " avaient abouti à des découvertes de trucages d'ampleur diverse ". C'est du propre ! Lorsque l'on parle de découverte, c'est façon de parler, car ces pratiques sont monnaies courantes et connues, même si ce n'est pas toujours dans les détails. Mais en tout cas elles se réalisent au vu et au su des spécialistes, y compris ceux qui, aujourd'hui, feignent la surprise et affichent leur indignation.
Mais il n'y a pas qu'aux USA que des affaires présentées comme vertueuses deviennent véreuses du jour au lendemain, lorsque les prédateurs financiers et boursiers s'affrontent et laissent l'un des leurs sur le tapis. On commence à dire aujourd'hui que les comptes de Vivendi seraient eux aussi douteux. Qui demain sera sur la sellette ? Car en fait, et ça n'est pas une révélation, ce ne sont pas quelques brebis capitalistes qui sont galeuses, c'est le fonctionnement normal du système, c'est le capitalisme dans ses oeuvres que l'on peut ainsi observer crûment dans toute sa réalité et sa férocité.
Il y a quelques semaines, à la veille du premier tour de l'élection présidentielle, Eric Le Boucher, ce même chroniqueur du Monde, faisait la leçon à Arlette Laguiller, parce qu'elle avait l'audace de réclamer que la population puisse avoir le droit de contrôle sur les comptes des entreprises. Il expliquait, rempli de condescendance, qu'en tant qu'ancienne employée de banque, elle aurait dû savoir que les entreprises avaient l'obligation de fournir, tous les trois mois, leurs comptes aux actionnaires. Il a bonne mine aujourd'hui.
Il n'a pas fallu attendre bien longtemps pour constater que ce contrôle des comptes des grandes entreprises et de leurs dirigeants était une urgente nécessité et relevait de la salubrité sociale, afin que la société puisse enfin se protéger de la malfaisance de capitalistes.