La construction de prisons : Un aveu d'impuissance05/07/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/07/une1771.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

La construction de prisons : Un aveu d'impuissance

Le gouvernement parle de construire de nouvelles prisons de façon à créer 11 000 places dont 7000 nouvelles ainsi que des " centres préventifs fermés " pour les mineurs délinquants.

Après le ministre de l'Intérieur, Sarkozy, accompagnant une brigade de policiers ou se faisant filmer dans les commissariats, après les flashballs, la droite tente de compléter l'image de super-championne du " sécuritaire " qu'elle veut se donner. La recette n'est pas nouvelle. Force est de constater qu'elle n'a rien résolu, et qu'elle ne résoudra rien aux problèmes qu'elle évoque.

En 1986, sous le gouvernement de Chirac, le ministre de la Justice, Chalandon, avait décidé la création de 13 000 places de prison. Cela s'était soldé par l'ouverture, au début des années 1990, de 25 nouvelles prisons, en partie gérées d'ailleurs pour la première fois par des entreprises privées. Sous Balladur, le garde des sceaux, Méhaignerie ajouta 4000 places, entérinées par la socialiste Guigou. Six nouveaux établissements ont été construits mais le surpeuplement, l'entassement de plusieurs détenus par cellule reste la règle.

Au total, le nombre de places dans les prisons est passé de 30 000 en 1985 à 47 000 aujourd'hui, mais le nombre de détenus atteint près de 55 000, ce qui ne peut que générer des situations, des conditions d'existence carcérales intolérables, une promiscuité dans laquelle les plus vulnérables sont irrémédiablement broyés, ou s'endurcissent pour se transformer de petits en grands délinquants.

La construction de nouvelles prisons, entreprise depuis plusieurs décennies, et celles à venir, est l'aveu que la société est parvenue à une situation inextricable, qu'elle ne parvient pas à maîtriser. La seule chose que sache faire le gouvernement, c'est de la démagogie réactionnaire pour faire croire qu'en enfermant davantage de gens, et en particulier des jeunes, les cités seront plus paisibles.

Le " Monsieur prisons " du nouveau gouvernement ne s'est pas même engagé à tenir une promesse, contenue dans une loi d'il y a deux ans, de faire bénéficier chaque détenu d'une cellule individuelle en juin 2003. En revanche, les " centres préventifs fermés pour les mineurs délinquants ", pour ne pas employer le terme de sinistre mémoire, les maisons de correction, doivent voir le jour, ce qui en dit long sur la marche arrière dans laquelle s'engagent ceux qui nous gouvernent.

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