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- Lutte ouvrière n°1771
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Charles-de-Gaulle : Chirac fait du bateau
L'amiral commandant la " Task Force 473 ", comprenant le porte-avions Charles-de-Gaulle et ses navires d'accompagnement, s'est déclaré " extrêmement fier " de l'accomplissement de la mission de son groupe de combat " sans aucun incident ".
S'il voulait faire allusion à la longue suite d'incidents et d'avaries dont a été victime le navire (pont d'envol trop court, hélice fissurée, etc.) on comprend son soulagement : le bâtiment a tenu la mer durant sept mois apparemment sans problème, et il est bien rentré au port, ce qui ne paraissait pas évident au départ.
Il y a eu toutefois quelques " incidents " qui ne sont pas considérés comme tels par l'amiral. Les avions embarqués ont accomplis au dessus de l'Afghanistan 777 vols en opération (soit 10 % du total de la coalition dirigée par les Etats-Unis) et ont largué treize bombes. C'est peu, par rapport aux tapis de bombes des américains, mais combien ont-elles fait de victimes ? Cela n'entre pas dans les considérations de l'amiral.
Chirac a profité du retour du Charles-de-Gaulle pour se montrer auprès des militaires. Sans craindre le ridicule il leur a déclaré : " Le président Bush a souligné auprès de moi, la semaine dernière au Canada, la qualité tout à fait remarquable de notre coopération militaire sur ce théâtre ". Les États-Unis, on le sait, n'avait militairement aucun besoin des forces françaises. Ils voulaient simplement impliquer quelques pays impérialistes de second rang, comme la Grande-Bretagne ou la France, afin de ne pas intervenir tout seuls en Afghanistan. Les dirigeants français, ainsi que leurs homologues britanniques ont obéi au coup de sifflet. Ils peuvent se déclarer flattés par quelques paroles aimables de Bush, comme un bon toutou mérite son sucre.
Lors de sa visite, Chirac a évoqué " l'effort financier " que nécessitera la prochaine loi de programmation militaire de cinq ans, pour la période 2003-2008. Il voudrait - sans que la décision soit encore prise - un second porte-avions, de façon que lorsqu'on en révise un, le second soit opérationnel. Mais pourquoi faire ces porte-avions ? Pour bombarder des pays comme l'Afghanistan ? Pour pouvoir intervenir en Afrique ou ailleurs, si d'aventure les " intérêts français " y étaient menacés ?
Non seulement cela ne peut se faire qu'au détriment de ces peuples, mais cela se fera également aux dépens des contribuables français qui voient ainsi jeter à l'eau, et dans les airs, des milliards qui ne servent qu'à enrichir les industriels de l'armement et qui seraient infiniment mieux employés dans les services nécessaires à la population.