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Dans le monde
Argentine : Un mouvement de chômeurs traversé par des courants opposés
Le mouvement des piqueteros (dont le nom vient de " piquetes ", les piquets, nom donné aux barrages routiers qui ont été leur principale façon de manifester) est apparu en 1997 lorsque l'appauvrissement de la population a commencé à s'accentuer. Officiellement, la misère atteint aujourd'hui 40 % des 36 millions d'Argentins. Le mouvement est très actif dans la grande banlieue de Buenos Aires. Mais il touche également les provinces les plus déshéritées comme Salta, Jujuy et Neuquen, où le chômage est profond depuis des années et où l'envoi de la police a été bien souvent la seule réponse des autorités aux ouvriers licenciés, et cela bien avant que se développe le mouvement actuel des chômeurs.
Depuis son origine, le mouvement des chômeurs est traversé par des courants. La CTA et le CCC représentent l'aile modérée favorable à une sorte de RMI pour les chômeurs. Son principal porte-parole est Luis D'Elia, dirigeant de la Fédération Terre et Logement. Il a dénoncé la répression policière contre les chômeurs mais il a redit aussi son opposition aux barrages routiers : " Nous n'avons jamais été d'accord pour couper les accès à la ville car cela détériore la situation de l'ensemble des travailleurs et de la classe moyenne ". Il a mis en cause l'aile radicale des chômeurs, ceux qui, selon lui, manifestent masqués. Un porte-parole du groupe de chômeurs réprimé par la police lui a répondu en l'accusant de faire le jeu du gouvernement et de s'apprêter " à négocier dans le dos des gens ". Une des composantes de Terre et Logement vient aussi de rompre avec D'Elia en lui reprochant des déclarations sur " les bons et les mauvais chômeurs, une distinction qui est également celle du gouvernement Duhalde ". Ces différences d'appréciation au sein du mouvement des chômeurs existent depuis toujours dans un mouvement traversé par toutes les opinions, de la gauche modérée à l'extrême gauche. De même il existe des différences d'appréciation du mouvement des chômeurs vis-à-vis de la CGT péroniste, d'autant plus soupçonnée de connivence avec Duhalde que celui-ci est péroniste.
Ce sont toutes ces oppositions, mélanges d'observations vraies mais aussi de préjugés qui constituent, au sein du mouvement ouvrier argentin, les obstacles concrets qu'il faudrait dépasser pour que celui-ci parvienne à offrir sa solution, celle qui réunirait dans le même mouvement tous les travailleurs, qu'ils aient ou pas un emploi.