Argentine : 330 000 licenciements en six mois05/07/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/07/une1771.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Argentine : 330 000 licenciements en six mois

Depuis décembre dernier, l'Argentine est en faillite. La dette publique est de 141 milliards de dollars. Le taux de chômage est officiellement supérieur à 20 %. Cela signifie que ce taux est de plus du double dans les régions industrielles. Et les choses ne vont pas en s'arrangeant puisque, rien que pour le premier semestre de cette année, il y a eu 330 000 licenciements. La moitié de la population est désormais considérée comme vivant dans la pauvreté. Se nourrir, disposer de médicaments est devenu très difficile dans les quartiers populaires, où le troc est la loi, alors que le pays est un très gros producteur agricole. " Il y a trois têtes de bétail par habitant dans ce pays, mais on crève de faim ", entend-on couramment.

Si le gouvernement argentin utilise la manière forte, c'est aussi pour tenter de séduire le Fonds Monétaire International qui a suspendu ses versements d'argent frais. Le gouvernement du président Duhalde a abandonné la parité entre le dollar et le peso. Depuis, la monnaie argentine a perdu 73 % de sa valeur, entraînant le retour de l'inflation.

Du côté du FMI, on continue à faire la fine bouche. Jeudi 27, un de ses responsables a déclaré qu'il était " déçu " par l'Argentine, parce que ses dirigeants " ne montrent aucun empressement à négocier intensivement avec nous une restructuration du paysage bancaire ".

Le FMI attend du gouvernement argentin qu'il accentue encore l'austérité pour réduire son déficit. Derrière cette intransigeance, il y a les exigences des grandes entreprises de toutes origines qui opèrent en Argentine. Par exemple, le groupe français Suez, qui gère des services destinés aux collectivités et assure la distribution de l'eau à Buenos Aires, Cordoba et Santa Fe, vient de provisionner 500 millions d'euros pour garantir ses activités du fait de la plongée de la monnaie locale face au dollar (et pour rassurer les boursicoteurs et maintenir ainsi la hauteur de l'action Suez à la Bourse). Mais, du même coup, le groupe Suez rappelle aussi que, si la descente aux enfers du peso se poursuit, les termes de son contrat prévoit la possibilité, en cas de trop grande variabilité entre la valeur du peso et du dollar, un réajustement du tarif de ses services.

C'est pour tenter d'expliquer que le gouvernement argentin fait de son mieux pour faciliter la vie des grandes entreprises, argentines et autres, que le ministre argentin des Finances, Roberto Lavagna, était à Washington ces jours-ci pour tenter de convaincre le FMI de reprendre ses versements.

Etant donné la situation exsangue où se trouve une large partie de la population, on voit mal comment une accentuation de l'austérité, qu'elle vienne du gouvernement ou des différentes entreprises privées qui se sont partagées la plupart des services publics, pourrait améliorer les choses. Elle pourrait tout aussi bien déboucher sur une nouvelle explosion sociale.

Vendredi 28 juin, 15 000 manifestants se sont retrouvés dans les rues de la capitale pour protester contre la répression. A la tête du cortège se trouvaient les dirigeants de la Centrale des Travailleurs Argentins (CTA), qui syndique une partie des travailleurs des services publics et le Courant Classiste et Combatif (CCC), un courant syndical d'origine maoïste, qui influencent une grande partie du mouvement des chômeurs. Les manifestants ont repris le slogan des manifestants de décembre 2001 : " Qu'ils s'en aillent tous " adressé aux politiciens des grands partis.

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