Une succession de trois milliards de francs28/06/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/06/une1770.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Une succession de trois milliards de francs

Pour pouvoir transmettre son empire financier à ses héritiers, François Pinault s'est résolu à verser près de trois milliards de francs au fisc. Une somme que tout le monde ne peut pas débourser pour un héritage !

François Pinault possède, entre autres, la Fnac, la Redoute, le Printemps, l'hebdomadaire Le Point, ainsi que l'équipe de football du Stade rennais. C'est une des premières fortunes de France, et l'une des cent premières du monde.

Ses affaires sont loin d'être transparentes, ce qui n'est évidemment pas une exception dans le monde patronal. Ainsi, depuis longtemps, le quart du capital de la financière Pinault était détenu par la société hollandaise Forest Product International (FPI), pour laquelle le français Pinault ne payait pas d'impôts. Et cela faisait un moment que le fisc, ainsi que des employés, se demandaient ce qu'il y avait derrière FPI.

Pinault a commis en 1994 une imprudence : voulant acheter une compagnie d'assurance américaine, il s'est vanté confidentiellement, mais par écrit, de " contrôler " la société FPI. C'était donc bien Pinault qui était derrière FPI, comme beaucoup s'en doutaient. Des salariés du groupe ont alors porté plainte contre leur patron pour fraude fiscale.

Pendant quelque temps Pinault a refusé d'admettre la vérité, pendant que l'enquête suivait son cours. Mais voilà que, âgé de 66 ans, il a décidé de passer ses entreprises à ses enfants, et pour qu'il n'y ait pas de problème, il a choisi tout à la fois de payer les droits de succession et les arriérés d'impôts à propos de FPI. Au total il y en a donc pour environ 500 millions d'euros, près de trois milliards de francs !

Pinault reconnaît donc avoir trompé tout le monde en prétendant que FPI n'était pas à lui. Et cela grâce à la plainte déposée par les salariés qui sont parvenus à mettre leur nez dans cette dissimulation. Comme quoi, si les salariés pouvaient avoir accès à la comptabilité des entreprises, nul doute que des combines de ce genre seraient plus difficiles.

Mais en fin de compte, Pinault a-t-il payé réellement tout ce qu'il devait au Trésor, ou bien est-ce qu'il s'en tire à bon compte ? On ne le sait pas car il y a eu une négociation avec le ministère des Finances dont on ne connaît pas les termes : ils sont secrets. Certains employés des impôts sont au courant, bien sûr, mais ils n'ont pas le droit de le divulguer.

Même quand ce grand patron paye ce qu'il est censé devoir, il est toujours protégé par le secret, avec la complicité des pouvoirs publics.

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