Belgique : Vive réaction contre des licenciements express28/06/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/06/une1770.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Belgique : Vive réaction contre des licenciements express

L'entreprise américaine Johnson Controls (112 000 salariés et 500 usines dans le monde) fabriquait des sièges à Bruxelles pour l'usine Volkswagen toute proche. Elle a fermé ses portes sans aucun préavis. Les 300 salariés, essentiellement des travailleurs d'origine marocaine, beaucoup de seconde ou troisième génération, ont appris la fermeture en arrivant au travail. Lorsque les ouvriers de l'équipe de nuit se sont présentés jeudi 13 juin au soir, les chefs les ont renvoyés chez eux : les sièges viendraient dorénavant de Hollande ou de Tchéquie !

Mais au lieu de se disperser, l'équipe de nuit est allée bloquer les portes de Volkswagen, pour interdire l'entrée et la sortie de tous les camions. Quelques heures plus tard, une bonne partie des chaînes de montage étaient arrêtées : c'est la rançon du flux tendu, ou " just in time " ! A leur tour, l'équipe du matin puis de l'après-midi sont venues renforcer les piquets.

Bien sûr cette action spontanée des ouvriers n'était pas du goût de la direction de VW qui a fait des chantages de toute sorte pour qu'ils laissent passer les camions, notamment par une menace de lourdes astreintes envers les membres des piquets.

Les délégués syndicaux de Johnson, et aussi de VW, ont largement relayé ces pressions pour que les ouvriers quittent les entrées. Des discussions avec la direction de Johnson ont débuté. Ces faux syndicalistes ont refusé que des ouvriers les accompagnent, pesant pour convaincre d'accepter les premières propositions, sans aucune garantie d'application, alors qu'une bonne partie des travailleurs étaient méfiants et auraient souhaité exiger plus.

Sans faire voter, avec des propositions limitées et pas garanties, et aussi à cause de la fatigue des piquets après 18 heures de présence, les responsables syndicaux ont fait libérer les portes de VW.

La direction bruxelloise a déclaré accepter de payer quatre mois de salaire aux CDD. Les ouvriers en CDI seraient payés jusqu'en août et recevraient une prime d'environ 12 500 euros net, soit, en tout, une dizaine de mois de salaire. Mais il n'est pas encore certain que la direction américaine entérine cette proposition !

La radio, la télé et les journaux ont évoqué le blocage des portes de VW, mais seulement en quelques mots. Cette presse qui s'étend longuement sur les délits des jeunes beurs s'est bien gardée de s'en prendre à ce patron délinquant qui ferme une entreprise sans même respecter le minimum des lois sociales et jette 300 travailleurs à la rue.

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