Mur de la honte et attentats suicides20/06/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/06/une1769.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Mur de la honte et attentats suicides

Dix-neuf Israéliens tués, ainsi que le kamikaze palestinien : c'est une nouvelle fois le bilan sanglant de l'attentat commis mardi matin 18 juin à Jérusalem, dans un autobus rempli d'adolescents se rendant en classe. Une nouvelle fois aussi l'armée israélienne s'est lancée dans des opérations de représailles en Cisjordanie, pendant que des responsables mettaient en cause Arafat. Mais le renouvellement de ces opérations n'apparaît désormais que comme la démonstration de l'impuissance israélienne à faire cesser les attentats.

Il y a deux mois en effet, c'était l'offensive militaire israélienne dans les territoires palestiniens et l'expédition meurtrière à Jénine, censée réduire les groupes responsables du terrorisme. L'attentat de Jérusalem, après celui de Megiddo qui a tué dix-huit personnes le 5 juin, et après d'autres encore, montre s'il en était besoin que, loin de faire cesser le terrorisme, ce type d'opérations, le comportement odieux de l'occupant israélien dans les Territoires ne peuvent qu'approfondir le fossé de haine existant. Et cela ne peut que multiplier les vocations de jeunes Palestiniens prêts à se faire sauter avec leur bombe au milieu d'une foule israélienne en faisant le plus de victimes possible.

Mais le comble de l'absurdité, dans la politique israélienne, est peut-être le début de la construction de la muraille de béton qui devrait, à terme, courir sur les 350 kilomètres de frontière séparant Israël de la Cisjordanie, assortie de tranchées, de herses, de rouleaux de barbelés et d'instruments électroniques censés prévenir tout franchissement par des candidats kamikazes. L'opération n'est pas sans provoquer des polémiques en Israël même, notamment de la part des partisans les plus ouverts d'un " grand Israël " annexant la Cisjordanie et Gaza. Et de fait, c'est l'aveu de l'impossibilité qu'il y a pour l'Etat israélien à considérer le territoire palestinien comme le sien.

Au même moment pourtant, l'armée israélienne continue d'intervenir en Cisjordanie. Outre la répression impuissante contre la population palestinienne, la protection des colonies juives mène à un engrenage tout aussi absurde. Pour ces quelque 200 000 colons qui s'obstinent à vivre dans le mépris total de la population arabe qui les entoure, sur des terres qui lui ont été le plus souvent volées, il faut là aussi des tranchées, des murs, des barbelés, des " check-points ", des routes de contournement réservées aux colons et évitant les agglomérations arabes. C'est à ce délire de précautions sécuritaires que mène la politique israélienne dans les Territoires, et finalement à une situation presque aussi invivable pour les Israéliens, et même les colons, que pour les Palestiniens.

Alors oui, la construction de cet incroyable mur est au fond l'aveu de l'échec des dirigeants israéliens, y compris de Sharon qui promettait la sécurité aux Israéliens par l'écrasement des Palestiniens. Non seulement les dirigeants d'Israël ne pourront écraser les Palestiniens, mais, en cherchant à le faire, ils se condamnent, et surtout condamnent les Israéliens eux-mêmes à se retrancher derrière des murs et des barbelés, sans même gagner pour autant une quelconque sécurité.

Une situation invivable pour les deux peuples : c'est à cette impasse que mène la politique des dirigeants israéliens, et dont ils portent l'écrasante responsabilité même si la politique des attentats suicide est elle aussi odieuse et mène aussi à l'impasse. La voie de la coexistence fraternelle entre les deux peuples est la seule qui puisse ouvrir un avenir à ceux-ci. Mais elle ne pourra s'imposer que par la rupture de la population israélienne avec la politique de ses dirigeants.

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