L'élargissement de l'Union, une occasion de subventionner le capital20/06/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/06/une1769.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Europe

L'élargissement de l'Union, une occasion de subventionner le capital

Le Parlement européen s'est réuni à Strasbourg, du 10 au 13 juin dernier. C'était une session ordinaire, avec sa dose de cérémonie officielle, cette fois la visite du roi de Jordanie, mais aussi sa dose de contestation, avec le passage de milliers de paysans européens venus protester contre la politique agricole commune. Une grande part des rapports était consacrée à l'élargissement de l'Union européenne.

Nous extrayons cette description de la situation dans les pays d'Europe de l'Est des explications de vote des députées européennes de Lutte Ouvrière, Armonie Bordes et Chantal Cauquil, présentes à cette session (Arlette Laguiller était retenue par l'enregistrement de l'émission de télévision officielle du second tour des élections législatives), et qui ont dénoncé non pas " l'entrée de ces pays dans l'Union européenne, mais la façon dont elle se fait sous l'égide du grand capital " :

" Démantèlement des services publics ; restructurations industrielles qui font exploser le chômage en République tchèque, en Slovaquie, en Lituanie, en Pologne, etc. ; fermeture entamée ou projetée des sources d'énergie en Lituanie, Estonie, Bulgarie - avec des répercussions sociales et économiques dramatiques ; liquidation programmée de millions d'exploitations paysannes et de ceux qui en vivent, mal, mais en vivent encore, en Pologne, Slovénie, Hongrie ; politique de réduction de la production agricole que les autorités européennes veulent partout accentuer. C'est un bilan catastrophique pour ces pays, et plus encore pour leurs travailleurs des villes et des campagnes. Mais c'est un bilan dont se félicitent les autorités de l'Union européenne. "

Dans un autre rapport, " expliquant qu'après l'élargissement, les régions actuellement limitrophes de l'Union européenne ne pourront manquer d'attirer la main-d'oeuvre pauvre de pays nouvellement admis, la Commission a déjà accepté de subventionner largement ces régions et notamment leurs entreprises. Le rapporteur, lui, ajoute que ce " n'est qu'une goutte d'eau dans l'océan des besoins ", non pas des populations appauvries d'Europe centrale et orientale, oh non !, mais des régions riches et de leurs entreprises. En vertu de quoi, il propose d'augmenter les subventions qui leur seront versées, tout en approuvant les mesures dites transitoires qui, même après l'élargissement, entraveront la libre circulation au sein de l'Union européenne des travailleurs des pays nouvellement admis, eux ne l'étant qu'avec des restrictions qui en font des citoyens de seconde zone (...). Nous avons bien évidemment voté contre ce rapport ".

Un rapport était consacré à la pêche. " Sous prétexte de préserver les stocks de poissons dans les eaux de l'Union européenne, ont expliqué les deux députées, la Commission veut réduire les capacités de pêche, ce qui se traduira par la suppression de 28 000 emplois directs d'ici 2006. Le rapport souligne que les études sur lesquelles s'appuie la Commission sont peu fiables. Cependant, il ne remet nullement en cause un processus où les plus grands pollueurs ne sont pas les payeurs, s'agissant notamment des rejets des industries polluantes et des grandes unités de pêche industrielle qui font pourtant plus de dégâts, dans les océans, que la pêche artisanale. (...) Il faut en effet, dans l'intérêt de l'avenir, sauvegarder les ressources en poissons de la planète. Mais, en refusant de s'en prendre aux responsables véritables de la menace et, au-delà, à un système économique anarchique où la concurrence et la recherche du profit privé rendent illusoire tout projet de planification rationnelle, on ne répond pas au problème, on se contente de faire payer les artisans-pêcheurs, ce qui est inadmissible ".

Enfin, dans un rapport consacré au sang humain, les députées Lutte Ouvrière ont été les seules à relever un aspect intéressant directement les travailleurs. " Nous avons voté contre l'amendement 7 de la Commission et l'amendement 19 car, tout en étant absolument partisans d'un système où le don du sang soit gratuit et tout en considérant choquant qu'on puisse en faire une marchandise, nous estimons que les salariés qui s'absentent pour donner leur sang doivent avoir leur salaire maintenu. Si un travailleur est prêt à donner son sang, il n'y a pas de raison que son patron ne puisse, de son côté, faire le don de quelques malheureuses heures de salaire ", ont-elles conclu.

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