Le PCF face à son avenir : Reprendre ou pas la politique qui a fait faillite ?20/06/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/06/une1769.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Politique

Le PCF face à son avenir : Reprendre ou pas la politique qui a fait faillite ?

" Parier sur un troisième tour social pour renverser la tendance inscrite dans les urnes paraît d'emblée un peu court ". C'est une des phrases mises en relief dans un récent éditorial de l'Humanité par Pierre Laurent lorsqu'il tente de faire le bilan des élections et de définir les perspectives politiques du Parti Communiste dans la période à venir.

Certes, si la direction d'un parti comme le PCF, qui reste un grand parti malgré les pertes militantes qu'il a subies, se contentait de " parier " sur un troisième tour social, ce serait " un peu court ".Mais s'il s'agit de " renverser la tendance inscrite dans les urnes ", la moindre des choses serait de se demander quel bilan tirer de cinq ans de participation gouvernementale du PCF aux côtés du PS. Faut-il définir de nouvelles options ou bien s'accrocher à cette politique qui a vu en vingt ans le PCF passer de plus de 20 % des voix à 3,3 ou au mieux 5 %, en même temps qu'il contribuait à sa façon à un désastre politique et social dans la classe ouvrière.

Au nom de la direction du PCF , Pierre Laurent, rédacteur en chef de l'Humanité, indique, dans un sabir peu accessible au commun des mortels, qu'il y aurait deux questions jumelles : la question populaire et la question communiste. Il faut sans doute traduire " question populaire " par les revendications et les attentes du monde du travail. Quant à l'autre question jumelle, " la question communiste ", il faut sans doute entendre par là le rôle du PCF dans la vie politique et dans les alliances majoritaires qu'il se fixe comme objectif de reconstruire..

Mais justement, avec quelques précautions de style, c'est bien toujours la vieille même politique d'union de la gauche sous la coupe du PS qui est resservie, sans même trop d'états d'âmes. L'article précise même que : " L'objectif doit être de travailler à de nouvelles majorités politiques ", en ajoutant pour faire mieux, " sur des axes de transformation sociale ". Et pour bien enfoncer le clou , le représentant de la direction du PCF martèle : " En somme (il faut) recrédibiliser l'idée de changement, car le paysage politique, secoué comme il vient de l'être, dévasté par une abstention record, exprime sur ces enjeux un profond scepticisme populaire ". Et pour cause devrait-il dire.

Sans doute " recrédibiliser l'idée de changement " pourrait être un objectif fondamental pour fixer les militants du PC. Mais s'il s'agit vraiment de changement, cela signifie justement en finir avec cette politique de construction " de majorités politiques ", proposée à nouveau par la direction, qui ne pourra jamais être que le ralliement au parti de défense des intérêts du patronat qu'est le PS. Car pour paraphraser son ancien leader Guy Mollet, le PS n'est pas à gauche, il est dans les conseils d'administration de la bourgeoisie.

Redonner confiance aux classes populaires ne serait possible qu'en les amenant à se servir de leur force, leur seule vraie force, celle qui vient de la place des ouvriers dans la production et de la force de transformation irrésistible que peuvent avoir les classes populaires quand elles se mettent en mouvement sans retenue, rassemblées dans la lutte autour d'objectifs communs qui en vaillent la peine.

Il n'y a pas comme le prétend le rédacteur en chef de l'Humanité, " deux questions jumelles " pour les militants communistes sincèrement attachés au devenir de leur classe, la classe ouvrière, il y a un choix fondamental à faire entre deux options antagonistes. D'un côté, il y a le processus que propose l'Humanité, d'abord organiser la " réplique aux attaques de Chirac, qui doit être l'affaire de toute la gauche " pour construire les " majorités politiques " de demain ; cette option signifie reproduire immanquablement la même politique passée au service des plus riches, avec les conséquences dramatiques qu'on peut imaginer. L'autre option serait d' oeuvrer à redonner confiance aux travailleurs dans leur force, dans la lutte de classe, en sachant qui sont leurs ennemis, les déclarés de droite comme les hypocrites de gauche.

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