La droite n'aura pas forcément les mains libres20/06/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/06/une1769.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

La droite n'aura pas forcément les mains libres

Chirac et son parti se félicitent d'avoir les mains libres pour gouverner sans contestation pendant cinq ans.

Mais pourquoi donc l'électorat populaire se serait-il mobilisé pour sauver les responsables du gouvernement Jospin ? Pourquoi se serait-il mobilisé pour sauver, contre leurs concurrents chiraquiens, la place des députés du PS et du PC qui expliquaient un mois plus tôt que, pour sauver la République, il fallait plébisciter Chirac par plus de 80 % de l'électorat ?

L'élection triomphale de Chirac, grâce aux voix de la gauche, a naturellement remobilisé la droite qui se pavane aujourd'hui.

Les travailleurs n'ont cependant pas à être démoralisés par ce résultat, même si, avec la droite, ce sont des adversaires ouverts qui sont au pouvoir. Des adversaires qui tenteront de s'en prendre aux retraites et non seulement ne s'opposeront pas aux licenciements, mais accorderont des dégrèvements d'impôts supplémentaires au patronat, avec l'habituelle explication que c'est pour créer des emplois.

Mais disons-nous bien que la gauche en aurait fait autant, même si, maintenant que les dirigeants de la gauche sont rejetés dans l'opposition, ils essaient de se faire passer pour des défenseurs incompris du monde du travail. Les travailleurs n'ont rien perdu dans ces élections, parce qu'ils ne pouvaient rien y gagner.

Mais si la droite croit qu'elle a les mains libres de faire ce qu'elle veut pendant cinq ans, c'est peut-être une erreur. La classe ouvrière peut ne pas respecter le jeu électoral et parlementaire. Dans un passé pas si ancien, des luttes de la classe ouvrière ont fait reculer des gouvernements de droite (et de gauche aussi).

Oui, la classe ouvrière, les travailleurs en général, peuvent s'opposer à toutes les attaques prévues contre notre système de retraites et, bien entendu, contre leur montant. Ils peuvent s'opposer à ces impôts sélectifs qui frappent les plus pauvres au profit des plus riches et qui amputent les rentrées de l'Etat, ce qui diminue la qualité de tous les services publics, des hôpitaux aux transports en commun et à l'éducation, comme aussi la construction de logements populaires pour éviter la dégradation de ceux qui existent et la ghettoïsation de leurs habitants.

Oui, il est possible de s'opposer à tout cela par la lutte. Voyez comme les médecins ont obtenu satisfaction. Ce n'est pas simplement en discutant, c'est en discutant sur la base d'un rapport de forces.

Ce rapport de forces, il faut le créer en faveur des travailleurs. Il faut remobiliser peu à peu le monde du travail au travers de luttes de plus en plus larges et de plus en plus unitaires, toutes corporations confondues. Alors, le gouvernement n'aurait plus les mains aussi libres qu'il le croit.

Le Parti Socialiste va sans doute gauchir son discours maintenant qu'il n'est plus au gouvernement mais, comme il se sent responsable vis-à-vis des classes possédantes, il ne le fera que modérément.

Le PC le radicalisera un peu plus car, de toute façon, il sait qu'il n'aurait à appliquer ces mesures que dans cinq ans. Alors, il pourra toujours nous dire, comme l'a dit Robert Hue : " Moi je voulais, mais c'est Jospin qui ne voulait pas ".

Aujourd'hui, il ne s'agit plus de promesses, il s'agit de créer les conditions nécessaires d'une lutte d'ensemble. Malgré ses échecs électoraux, le Parti Communiste est le seul parti ayant la force et le poids pour faire pression sur les syndicats pour commencer cette mobilisation. La force de rendre peu à peu confiance aux travailleurs en leur propre politique. La force de commencer si besoin par des journées d'action, des manifestations, mais en annonçant à chaque fois l'action suivante, afin que chacun sache que ce n'est pas une journée sans lendemain mais le début d'une lutte plus importante. C'est comme cela que les médecins ont agi.

Ou bien les militants du Parti Communiste arriveront à convaincre leurs dirigeants de mener une telle politique, ou bien le Parti Communiste ira vers sa disparition, voire sa dissolution dans le Parti Socialiste, ce qui revient au même.

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