Jeudi 13 juin, près de 250 usagers en colère contre les suppressions de trains et modifications d'horaires imposées par la SNCF ont bloqué les TGV et l'Eurostar en gare du Nord à Paris en occupant les voies pendant plus d'une heure. Ils en sont partis après l'intervention en douceur de la police. Cette occupation a entraîné un dysfonctionnement général du trafic, d'autant qu'à son habitude la SNCF donna la priorité absolue à l'arrivée des TGV en gare du Nord, y compris en les orientant sur les voies réservées habituellement au trafic grande banlieue.

Cette manifestation était organisée par le comité de défense des usagers qui s'était mis sur pied à l'initiative d'usagers de la ligne Paris-Compiègne, sur la partie du tronçon Creil-Compiègne. Ils ont fédéré autour d'eux les usagers victimes des mêmes restrictions et suppressions de trains des lignes de Creil-Chantilly-Coye-la-Forêt, des lignes Creil-Beauvais, de Noyon, etc. Il faut dire que les usagers avaient été promenés par la SNCF qui, après quelques aménagements, se refusait à modifier l'essentiel de son projet, qui aboutit à priver totalement de trains certains usagers ou à les faire patienter, eux ou leurs enfants, pendant plus d'une heure à l'allée et au retour, rallongeant d'autant l'absence de leur domicile.

Le nouveau ministre des Transports, de Robien, maire d'Amiens, avait promis de recevoir le comité d'usagers le mercredi 12 juin. A la dernière minute, le rendez-vous a été reporté à plus tard... après la fin des élections et la mise en place des nouveaux horaires qui entraient vraiment en application à partir du lundi 17 juin. Certes, il y avait des élus présents à cette manifestation (de même qu'à un rassemblement parallèle organisé en gare de Creil au même moment), mais cette manifestation était bien celle des usagers, dont les demandes s'opposent dans les faits à la politique menée jusqu'ici par les gouvernements, de droite comme de gauche.

Car une des causes profondes des problèmes des usagers salariés du réseau Nord, qui utilisent le train pour se rendre et revenir de leur travail, est le manque d'investissements patent depuis des décades de la part de la SNCF, sur ordre des gouvernements. La gare du Nord, saturée sur le réseau banlieue, n'a connu aucune construction de ligne pour réorienter le trafic vers d'autres gares, comme la gare de l'Est par exemple. Bien au contraire, on a réduit encore les capacités d'absorber le trafic en réquisitionnant une partie des lignes, d'abord pour le TGV puis pour l'Eurostar. Les conséquences : ce sont chaque matin de longues minutes, parfois plus d'un quart d'heure, d'attente à l'approche de la gare du Nord, et des retards permanents sur tout le réseau.

C'est dans le cadre de cette politique, qui tourne le dos aux besoins élémentaires des usagers, que se place donc cette remise en cause de trains existant pour certains depuis plus de vingt ans. Le comité a décidé une nouvelle manifestation jeudi 20 juin à 17 h 30 à la gare du Nord face à la voie 14, en vue d'obtenir l'annulation de toutes les modifications qui compromettent les conditions de transport normales des usagers.