Accidents d'ascenseur et logements délabrés20/06/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/06/une1769.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Accidents d'ascenseur et logements délabrés

Samedi 15 juin, une femme a été très grièvement blessée dans un immeuble d'Amiens suite à la défaillance d'un ascenseur. Elle a été coincée entre la machine et le palier. Les ascenseurs de cette grosse cité tombent très souvent en panne et, d'une manière générale, les parties communes y sont très dégradées. Ainsi par exemple les boutons des ascenseurs sont fréquemment brûlés et il faut mettre le doigt dans les trous pour appeler l'engin.

Cette fois, comme dans d'autres cités où se sont produits des accidents comparables, c'est le manque d'entretien qui a provoqué le drame.

Des logements délabrés, une attente interminable sur une liste de demandeurs de logements à loyer modéré, les travailleurs d'Amiens sont nombreux à connaître cette situation. La Confédération Nationale du Logement estime qu'il manque plus de 2 000 logements sur la ville pour faire face aux cas urgents. Sans compter que les logements existants vieillissent, se dégradent et deviennent dangereux. Alors, les familles populaires, chassées du centre-ville par la spéculation immobilière qui y fait flamber les prix, s'entassent dans des cités mal entretenues ou dans des logements vétustes. Il est inacceptable que des personnes soient contraintes de vivre dans des logements HLM. où l'humidité décolle le papier peint et où il n'y a ni douche ni eau chaude.

Les pétitions des locataires, notamment de ceux du quartier où s'est produit l'accident, dénonçant le manque d'entretien, sont restées sans réponse. Gilles de Robien, maire d'Amiens et longtemps président du principal office d'HLM, rejetait jusqu'ici la faute sur le gouvernement socialiste. L est vrai que celui-ci finançait de moins en moins la construction de logement social.

Mais de l'argent, de Robien a été capable d'en trouver sur le budget de la commune lorsqu'il s'est agi - aux frais des contribuables - de construire de coûteux " hôtels des entreprises " et d'effectuer gratuitement les travaux d'aménagement de nombreux locaux pour les patrons des centres d'appels téléphoniques qui se sont installés sur la ville.

L'an dernier, la municipalité a également su trouver l'argent nécessaire pour le rafraîchissement du rez-de-chaussée de l'hôtel de ville : la bagatelle de 4,3 millions d'euros. Etait-ce vraiment une priorité ? De Robien a eu le cynisme, ou l'inconscience des nantis, de justifier son choix en affirmant que chaque Amiénois pourrait faire la visite de l'hôtel de ville lors de la journée " portes ouvertes " des monuments historiques...

La municipalité n'a eu aucun mal non plus à trouver d'énormes sommes pour réaliser des constructions de prestige imaginées par des architectes renommés (stade de football avec son dôme de verre ; rénovation du centre-ville...), en engraissant au passage de grosses entreprises du bâtiment.

Désormais ministre des Transports et du Logement, de Robien s'est bien gardé de se démarquer de son prédécesseur socialiste : on ne l'a pas entendu s'engager à débloquer d'urgence les sommes indispensables pour la rénovation des HLM. et la construction des centaines de milliers de nouveaux logements qui manquent dans le pays.

Suite à la chute mortelle d'un enfant dans une cage d'ascenseur à Strasbourg, de Robien avait demandé un rapport sur l'état de tous les ascenseurs du pays. Cette fois-ci, il demande un rapport administratif. Les rapports successifs s'accumulent, sans rien changer à une situation qui ne peut aller qu'en s'aggravant avec le temps. Le ministre le sait parfaitement, mais préfère subventionner le patronat local.

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