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Leur société
Déficit de l'Etat : La responsabilité patronale
Lorsque Fabius était ministre des Finances il avait fixé comme objectif pour cette année un déficit du budget de l'Etat de 1,8 %-1,9 %. L'objectif à plus long terme (pour 2004) était selon lui l'équilibre complet, conformément au Pacte de stabilité européen signé par la France en 1997. La réalité risque d'être bien loin des prévisions de Fabius, comme d'ailleurs l'avait estimé toute la presse économique.
Et en effet le nouveau ministre de l'Economie, des Finances et de l'Industrie, l'ex-grand patron de la sidérurgie Francis Mer, vient de provoquer une mini-tempête européenne en déclarant que le Pacte de stabilité n'était " pas gravé dans le marbre ", ce qui signifie en clair que le déficit budgétaire durera au-delà de 2004... si même il disparaît un jour !
Le ministère des Finances vient de publier des chiffres selon lesquels, bien loin de se résorber, le déficit se creuse. Evidemment on ne peut pas faire totalement confiance aux dirigeants de la droite qui s'apprêtent à invoquer " l'héritage " de la gauche en matière de difficultés budgétaires. Malgré tout certains chiffres sont intéressants. Ainsi il est fait état d'une diminution de 4,1 % des recettes de l'Etat. Les rentrées dues à la TVA et aux taxes sur les carburants ont augmenté. L'impôt sur le revenu a bien diminué mais c'est à cause, déclare-t-on à Bercy, " principalement des régularisations sur l'exercice précédent ".
Le manque à gagner de l'Etat ne vient donc pas de là. Il vient de l'impôt sur les sociétés, dont le montant a nettement diminué. Le plan Fabius de baisse d'impôts joue à plein pour la première fois en faveur des entreprises qui versent leurs soldes pour 2001. Et d'autre part la majoration que Juppé avait instituée en 1995 est passée de 10 % à 6 % en 2001.
Comme on voit, la gauche a fait mieux - ou pire si on préfère - que la droite en matière d'exonérations fiscales au bénéfice des patrons et cela pèse sur le budget.
Et c'est maintenant la droite qui " hérite " de cette situation. Va-t-elle rétablir les taux d'imposition d'avant Fabius sur les entreprises ? C'est évidemment peu probable. Et comme il n'est pas non plus question de diminuer les cadeaux de toutes sortes en faveur du patronat - qui contribuent à l'augmentation des dépenses publiques - eh bien il ne restera plus à l'Etat d'autre choix que de rogner sur les dépenses des services publics. Et sans doute aussi à engranger des rentrées grâce aux privatisations qui se dessinent, et en particulier à l'ouverture prévisible du capital de Gaz de France, envisagée depuis quelque temps déjà.
Bref la droite, tout en pestant contre la " légèreté " de Fabius, va continuer la politique de la gauche, c'est-à-dire la même en fin de compte, car pour les serviteurs du capitalisme il n'y en a pas d'autre.
Et pour le monde du travail, il n'y a rien de bon à en attendre, car c'est à lui que tous ces gens-là demandent de payer, au final, le trou qu'ils ont contribué à creuser.