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Elections
PCF : Une vérité à géométrie variable
Dans le tract annonçant sa candidature dans la circonscription d'Argenteuil Bezons dans le Val-d'Oise dont il est le député sortant, Robert Hue écrit: « Rien ne nous garantit que demain, la droite ne cherche, au grand jour ou dans les coulisses, à s'entendre avec le Front National, si celui- ci se trouvait en position de force » !
Il est vrai, que dans ce premier tour des législatives, son adversaire direct dans cette circonscription est un candidat de droite. Cette situation met donc fin à son amnésie volontaire sur les dangers d'alliances et de passerelles entre la droite et l'extrême droite.
Entre les deux tours de la présidentielle, il fallait, disait le PCF, « faire barrage à Le Pen » et gommer toute idée jetant des doutes sur le vote Chirac. Après le premier tour, il n'y avait que Lutte Ouvrière et Arlette Laguiller pour dire par exemple « L'avenir dira si la préoccupation de Chirac de plaire à l'extrême droite se traduira par une politique antiouvrière plus ouverte et par des mesures d'extrême droite (en matière de sécurité, vis-à-vis des travailleurs immigrés, etc) ou en cherchant à associer l'extrême droite directement au pouvoir ».
Hue redécouvre aujourd'hui la vérité élémentaire de ce risque qu'il a tu au moment où il aurait fallu, bien au contraire, mettre en garde contre les illusions.
Des mises en garde de ce type, on en trouve désormais quasi chaque jour, et presque à chaque page du quotidien du PCF, à l'exemple de la conclusion de son éditorial du lundi 20 mai, où il écrit: « La droite traîne à sa suite une série de wagons dévastateurs : la casse de la protection sociale, la mise en cause des retraites, des privatisations, l'expansion de l'insécurité économique et sociale. C'est pour ce programme qu'elle réclame les pleins pouvoirs lors des élections législatives. Si elle les obtenait, elle ne tarderait pas à agir, satisfaisant ici le patronat, cédant là aux pressions d'une extrême droite menaçante. D'autant que l'UMP est bien moins étanche au Front National que la fermeté de Jacques Chirac entre les tours de la présidentielle le laissait croire. L'Express et Le Figaro ne viennent-ils pas de rapporter que le président de la région Bourgogne, Jean-Pierre Soisson, avait appelé Le Pen pour le féliciter au soir du 21 avril ? Cela ne lui interdit nullement le parrainage du parti présidentiel pour briguer un siège de député dans l'Yonne... » Et le quotidien du PCF de conclure : « Dans le même mouvement où il faut reconstruire la gauche pour offrir une alternative franchement à gauche, dégagée des ornières d'un social-libéralisme qui a désespéré l'électorat populaire, il convient donc de battre la droite le 9 juin et de barrer l'entrée de l'Assemblée aux amis de Le Pen. »
On peut sourire aujourd'hui de cette fermeté supposée de Chirac entre les deux tours, mais pour le reste on ne peut que souscrire au constat que fait l'éditorialiste de L'Humanité... bien tardivement. Et puis rappelons aussi que ce même Soisson fut un des ministres dits d'ouverture dans le gouvernement socialiste dirigé par Michel Rocard en 1988. Entre l'extrême droite, la droite, et même parfois la gauche, tout est dans tout et réciproquement.