Ca coule de source24/05/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/05/une1765.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Ca coule de source

Ces jours-ci, des journaux ont fait état d'une forte pollution de l'eau du robinet en Ile-de-France, n'hésitant pas à parler d'une alerte aux nitrates dans des départements de la grande couronne et d'un risque de pénurie pour cette agglomération de dix millions d'habitants.

Il n'est pas inutile de rappeler que, depuis une vingtaine d'années, c'est précisément au nom de la nécessité d'améliorer la qualité de l'eau, d'assurer son traitement et son approvisionnement régulier que, en région parisienne comme ailleurs, les autorités ont poussé à la privatisation de ce qui était jusqu'alors un service public. Mais il n'a pas fallu tout ce temps pour que, en diverses régions, les scandales en tout genre défrayent la chronique de cette privatisation et de ses conséquences.

Outre des pollutions périodiques, et parfois de grande ampleur comme en Bretagne, ce dont la presse a le plus fait état durant toute une période, ce sont des scandales des pots-de-vin versés par les géants privés du traitement de l'eau. Ceux-ci ont en effet déployé une intense activité afin de mettre dans leur poche les « décideurs », en clair des élus et responsables au plus haut niveau, chargés de persuader la population d'une ville ou d'un canton de l'intérêt qu'elle aurait à accepter la remise à la Générale des Eaux, à la Lyonnaise des Eaux ou aux filiales spécialisées de Bouygues de ce qui était auparavant des régies municipales. Le changement de dénomination de la Générale des Eaux en Vivendi doit d'ailleurs beaucoup à la multiplication des scandales mouillée jusqu'au cou dans des «affaires» ayant entraîné la condamnation de quelques ténors de la politique, la Générale a préféré changer d'enseigne.

Mais si ces grosses sociétés ont pu faire main basse sur le secteur de l'eau en France et, disposant d'un monopole protégé par les autorités, constituer des empires financiers de première grandeur (Vivendi est ainsi devenu le numéro un mondial de l'eau et a pu ensuite étendre sa mainmise sur une foule d'autres activités cinéma, édition, télévision, internet, traitement des ordures ménagères, chauffage urbain, alcools, etc.), la qualité de l'eau, on a maintes fois pu le constater, va, elle, a vau-l'eau.

Et cela, tandis que les factures présentées aux abonnés s'envolent.

On peut même parier que les informations alarmantes sur le sujet, visant la plus grande agglomération du pays, servent surtout à préparer l'opinion à de nouvelles hausses de tarifs. Ces hausses, d'ailleurs, les trois géants de la distribution et du traitement de l'eau ne cessent de les réclamer à cor et à cri, dans la presse économique, dans les « colloques » qu'ils organisent et où il n'est pas rare que des élus ou des responsables politiques viennent, devant les caméras, dire tout le bien qu'ils pensent de la chose. Sans parler des chaînes de télévision où les Vivendi et autres ont des intérêts, voire qu'ils contrôlent, et qui programment régulièrement des émissions et reportages « d'information » exposant en long et en large les prestations de ces compagnies, leurs investissements, bref destinés à nous persuader que l'eau appelle toujours plus de... liquide, de notre poche vers la leur.

Au lieu de laisser ces parasites s'enrichir sur le dos des usagers, il serait plus qu'urgent de les exproprier.

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