Hollande annonce la couleur : La nouvelle gauche sera aussi anti-ouvrière que celle de Jospin17/05/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/05/une1764.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Politiciens

Hollande annonce la couleur : La nouvelle gauche sera aussi anti-ouvrière que celle de Jospin

Hollande, premier secrétaire du PS et intronisé chef de la nouvelle « Gauche unie », qui prend la place de feu la Gauche plurielle, a multiplié ces derniers jours les déclarations à la télévision, à la radio et dans la presse pour définir ce que serait le programme de la gauche gouvernementale si celle-ci arrivait à assurer son retour au gouvernement à l'issue des législatives des 9 et 16 juin. 11 s'agit même d'un recadrage après les quelques envolées démagogiques de la période précédente où, sans doute convaincu de rester pour cinq ans dans l'opposition, le PS avait sorti un programme surréaliste proposant de faire exactement le contraire de ce qu'il vient de faire pendant cinq ans : arrêter de privatiser, augmenter le Smic de façon notable, augmenter les charges patronales pour stopper la précarité et construire cinq fois plus de logements sociaux que pendant le gouvernement Jospin...

Cette fois, endossant les habits d'un possible futur Premier ministre, Hollande a tenu à remettre les pendules à l'heure. Le programme de la gauche gouvernementale sera pour l'essentiel celui défendu par Jospin pendant sa campagne des présidentielles, coloré de quelques ajouts bien imprécis pour « répondre au message des électeurs ». Mais de quels électeurs s'agit-il, et pour faire fondamentalement quoi de différent ? Le programme de Jospin avec lequel Hollande tient à affirmer sa filiation, c'est ce programme que tout le monde avait considéré comme interchangeable avec celui de Chirac, tant les deux se ressemblaient. Même si cela peut lui coûter des voix, Hollande tient à rassurer la bourgeoisie et le grand patronat : si Hollande avec ses amis de la gauche gouvernementale se réinstallent au gouvernement, ce sera bien pour assurer la continuité d'une politique en leur faveur, telle que celle menée ces cinq dernières années. Hollande sait bien que ce n'est pas de ce côté-là que viennent ses électeurs, mais c'est de ce côté qu'il continuera à prendre ses ordres comme ses amis l'ont fait avant lui. À ce propos, pour bien mettre les points sur les « i » en direction de bourgeois parfois un peu bouchés, Hollande a tenu à préciser à la télévision que le PS et la gauche gouvernementale n'avaient pas peur « de mettre les mains dans le cambouis » et « de faire le sale boulot quand c'était nécessaire ». La formule avait été utilisée dans le passé par Mauroy, ex-Premier ministre de Mitterrand de 1981 à 1984, parlant des centaines de milliers de licenciements et de suppressions d'emplois faits par le patronat et soutenus par le gouvernement de l'Union de la gauche, qui avait lui aussi licencié en masse dans les entreprises nationalisées sous son contrôle. Alors, la filiation revendiquée est tout un programme. Jospin a systématiquement couvert les plans de licenciements pendant cinq ans et Hollande continuera la même politique et apportera aux patrons le même soutien s'il se retrouve au gouvernement après le 16 juin.

D'ailleurs, dans une tribune publiée dans Le Monde du 14 mai, Hollande, parlant des bas salaires, de la précarité des « oubliés des plans sociaux », des licenciés sans avenir, déclare que sur tous ces sujets « des avancées ont eu lieu, mais insuffisamment par rapport aux détresses laissées à elles-mêmes » . Et d'ajouter immédiatement« La loi ne peut pas tout ; et ce serait semer des illusions dangereuses que de prétendre interdire, empêcher, annuler là où la décision publique est tout sauf régalienne. »

Il faut comprendre que, selon Hollande, ce n'est pas le rôle et la mission de 1'Etat d'intervenir dans la liberté de licencier des patrons, et que ceux qui, comme le fait Lutte Ouvrière, réclament l'interdiction des licenciements collectifs, et tout d'abord dans les entreprises qui sont bénéficiaires et licencient quand même, sont des irresponsables. Jamais Hollande et un futur gouvernement de « gauche unie » ne s'engageront sur cette voie.

Alors que ferait son gouvernement ? Hollande répond : « C'est par la négociation, le partenariat (avec les patrons bien sûr), la responsabilité partagée que le progrès peut venir. » Hollande a un culot à toute épreuve : s'il suffisait de prêcher au grand patronat la responsabilité et le dialogue pour empêcher un seul licenciement depuis vingt ans et plus ça se serait vu. Hollande et la clique de politiciens bourgeois qui l'accompagnent, rebaptisés socialistes et de gauche pour mieux vendre aux électeurs la même politique avariée que celle de la droite, ont vraiment le mépris le plus total pour le monde du travail et les souffrances qu'il rencontre. Ces gens-là restent et resteront les valets du capital contre vents et marées, même si cela devait entraîner leur perte.

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