Une frontière politique floue et ténue10/05/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/05/une1763.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Elections présidentielles

Une frontière politique floue et ténue

Chirac et son parti le RPR " derniers remparts contre l'extrême droite ". A d'autres! Le RPR n'a pas hésité à l'occasion à reprendre à son compte les pires thèmes de propagande du Front National sur l'insécurité et l'immigration. Et puis certains, et non des moindres, de cette droite dite républicaine sont issus de groupuscules d'extrême droite, tandis que de nombreux dirigeants du Front National (ou ceux de sa récente scission le MNR) ont fait leurs classes dans les partis de cette droite traditionnelle. De nombreux liens existent entre la droite et l'extrême droite, ce qui rend la frontière entre l'une et l'autre bien plus floue qu'on voudrait nous le faire croire.

Par exemple, avant de faire carrière dans les partis de droite, Madelin, Goasguen (Démocratie Libérale), Devedjian (RPR) et Longuet (PR) ont été, dans leur jeunesse, des militants d'extrême droite, dont certains faisaient le coup de poing contre les militants de gauche. D'autres, après avoir fait leurs armes au RPR, ont rejoint le Front National. C'est le cas de Mégret, de Le Gallou, de Blot et consorts. Point commun entre ces hommes ? Tous étaient membres du «Club de l'Horloge » où s'élaborait la politique de la « nouvelle droite ». Ce club était fréquenté par des tenants de la droite nationaliste et extrême mais aussi par d'anciens Premiers ministres comme Couve de Murville ou Barre. Toubon, Godfrain, deux futurs ministres RPR, assistaient aussi volontiers aux colloques du Club de l'Horloge.

Mégret adhéra au RPR en 1979, Le Gallou préféra aller au Parti Républicain, d'autres encore noyautèrent le Centre National des Indépendants (CNI). D'autres, comme Peyrat, firent le chemin inverse. Militant du Front National de la première heure, Peyrat abandonna son étiquette d'extrême droite pour mieux accéder à la tête de la mairie de Nice en 1996. Le RPR local l'accueillit alors à bras ouverts malgré son passé frontiste.

Les va-et-vient entre le RPR, l'UDF et le Front National n'ont pas été le seul fait d'individualités, mais celui de groupes entiers. Lorsque le Front National obtint plus de trente députés, aux législatives de 1986, grâce à l'introduction du scrutin à la proportionnelle, nombre de groupes locaux du RPR passèrent avec armes et bagages au Front National qui recrutait à tour de bras. Cette modification du scrutin était le fiait d'un calcul de Mitterrand, destiné, il le disait presque ouvertement, à utiliser l'extrême droite pour affaiblir la droite.

Ministre de l'Intérieur du gouvernement Chirac, en 1986, Pasqua vantait a les valeurs communes » entre le RPR et le Front National. Ceux qui prétendent utiliser la droite comme une digue pour se protéger de l'extrême droite, et ceux qui ne peuvent pas ignorer ces faits, ont une mémoire pleine de trous.

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