Le nouveau gouvernement Chirac10/05/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/05/une1763.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Elections présidentielles

Le nouveau gouvernement Chirac

En "mission" pour la défense des privilégiés

Chirac, au lendemain de sa victoire du 5 mai, a désigné Raffarin, notable de la région Centre et ex-secrétaire d'Etat de Juppé en 1995, pour former le nouveau gouvernement appuyé sur la droite. Mais dès le soir du 5 mai il avait annoncé que ce gouvernement de « mission » aurait pour tâche de mettre en oeuvre sa politique, affichée depuis le début et sans complexe comme ancrée à droite.

Pas de surprise donc, sauf pour les dirigeants du PS qui font semblant de s'étonner. Après s'être aplati devant Chirac, voilà Hollande qui proteste quand Chirac annonce qu'il va mettre en oeuvre sa politique, ce qu'il avait toujours dit. C'est d'ailleurs d'autant plus hypocrite de la part du dirigeant du PS que cette politique n'est pas très différente sur le fond de celle défendue par Jospin dans sa campagne.

Chirac a ainsi décliné les axes prioritaires de son futur gouvernement de « mission », après le refrain sécuritaire, préalable obligé à toute sa politique, et qui vise à séduire l'électorat de Le Pen. Les missions assignées par Chirac au nouveau gouvernement visent les attaques sur les retraites et l'augmentation immédiate du revenu des classes riches, par la baisse de leurs impôts et la baisse sensible des charges des entreprises.

Les revenus des bourgeois, grands et petits, devraient très vite bénéficier de la baisse programmée de 30 % sur cinq ans de l'impôt sur le revenu, avec une baisse immédiate de 5 %. Cette mesure devrait coûter 15 milliards d'euros sur cinq ans. Et cela tombera en effet pour l'essentiel dans la poche des plus riches, car si pour les ménages de salariés imposés cette baisse pourrait se traduire par 150 euros de moins à payer par an, pour les hauts revenus cela pourrait atteindre 6 000 euros ou plus d'économies annuelles.

A ces 15 milliards d'euros Chirac a prévu de rajouter 13 milliards qui profiteront au seul patronat. Il y aurait d'une part des baisses de charges sociales patronales, et de l'autre une baisse de l'impôt sur les sociétés qui taxe les bénéfices des entreprises.

A cette mise à sec des caisses publiques, en remplissant les comptes en banque des entreprises et des privilégiés, devrait s'ajouter « en urgence », selon le souhait de Chirac, la mise sur pied de la réforme des retraites. Il vaudrait mieux dire la remise en cause du système des retraites au détriment de tous les salariés, du public d'abord et de tous les autres ensuite, et également de tous les retraités.

Le projet commun de la droite et de la gauche était de s'en prendre tout de suite aux salariés des services publics et aux fonctionnaires, quelque six millions de personnes, qui bénéficient encore d'une retraite à taux plein après 37,5 ans de cotisations. Les salariés du privé, eux, depuis Balladur en 1994, et sans que le gouvernement Jospin ait même envisagé de revenir là-dessus, sont obligés progressivement de cotiser 40 ans et voient leur retraite calculée sur les 25 meilleures années au lieu des dix auparavant.

Mais cela va se prolonger par l'introduction des fonds de pension par capitalisation qui peu à peu prendraient la place de la retraite par répartition. Celle-ci serait ainsi réduite et ne permettrait plus à ceux qui n'auraient pas les moyens de se payer ces fonds de pension de vivre décemment. Ces fonds seront aussi une bonne affaire pour les patrons. Ils pourront échapper totalement aux cotisations sociales sur les versements pour les fonds de pension, ce qui aggravera encore le déficit des caisses de retraites. Quant aux. assurances, ce serait pour elles un immense pactole, elles draineraient ainsi des sommes considérables.

A cela s'ajoutent, pêle-mêle, l'assouplissement des lois du travail au profit des patrons plus grand encore que celui résultant des lois Aubry, avec l'augmentation des heures supplémentaires autorisées, et la suppression dans le code du travail des quelques petits obstacles existant sur la liberté des patrons de licencier à leur guise.

Voilà donc en résumé le programme de ce nouveau gouvernement, qui n'attend même pas le 16 juin, après les élections législatives, pour dire ouvertement qu'il sera un gouvernement de combat contre la classe ouvrière et les couches populaires. Bien sûr, il n'y a pas là de différence fondamentale avec la politique de feu le gouvernement Jospin, ni même avec ce que le candidat socialiste avait défendu comme programme. A l'hypocrisie des serviteurs socialistes du patronat, succèdent l'arrogance et le cynisme, vis-à-vis des classes populaires, du personnel attitré du patronat, issu des bonnes familles ou formé dans ses cénacles.

La seule réponse à ces hommes de gouvernement de nantis, sûrs d'eux, méprisant vis-à-vis des travailleurs, de leurs besoins et de leurs droits, serait une réponse sur le terrain où le monde du travail peut vraiment peser de tout son poids, celui des luttes sociales dans les usines, les bureaux et dans la rue. Et là on verra tous ces gens en rabattre et montrer plus de respect pour ceux qui créent toutes les richesses.

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