La fabuleuse mystification du destin de Jacques Chirac10/05/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/05/une1763.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Elections présidentielles

La fabuleuse mystification du destin de Jacques Chirac

J'ai entendu, j'ai compris votre appel pour que la République vive, que la nation se rassemble » : Chirac, à l'occasion de son élection-plébiscite, a imité (ou parodié) De Gaulle en prenant des postures de sauveur de la patrie.

Chirac n'a rien pourtant de l'homme providentiel : il obtient le record d'impopularité d'un président sortant puisqu'il n'a obtenu que 13% des voix de l'ensemble des inscrits au premier tour de l'élection présidentielle, et 19 % des suffrages exprimés. Son salut électoral vient de la déconsidération, encore plus importante, d'une gauche gouvernementale totalement insensible aux aspirations populaires et étrangère à la défense des intérêts des exploités.

Ayant commencé sa carrière politique dans le sillage de Pompidou, Chirac, pour réaliser son ambition, trahit en 1974 le gaulliste Chaban-Delmas en faisant campagne pour Giscard d'Estaing avec 43 parlementaires gaullistes. Cela lui valut le poste de Premier ministre de ce dernier. Deux ans plus tard, Chirac démissionna avec éclat et fonda, avec l'aide du baroudeur Charles Pasqua, le RPR, véritable machine de guerre électorale contre Giscard. Chirac ne recula devant aucune déclaration provocatrice comme l'illustre une déclaration qu'il fit de son lit d'hôpital, l'« appel de Cochin », où il traita Giscard de « militant du parti de l'étranger ».

En 1977, Chirac mit la main sur la Mairie de Paris, véritable trésor de guerre et base de ravitaillement arrière du RPR. Lors de l'élection présidentielle de 1981, recalé au premier tour, Chirac trahit, une fois de plus, Giscard en refusant d'appeler à voter pour lui au second tour. Et Mitterrand l'emporta sur Giscard grâce à une partie des voix chiraquiennes.

En 1986, la droite obtenant la majorité à l'Assemblée nationale, Chirac devint Premier ministre d'une première cohabitation et en rajouta dans la démagogie anti-immigrés. Il confia à Pasqua, « premier flic de France », la tâche de renvoyer les immigrés africains dans leur pays. Ce fluent les tristement fameux « charters de Pasqua ». Il confia à Balladur le soin de privatiser une partie des entreprises publiques. Et sous prétexte de créer des « noyaux durs »dans ces entreprises nouvellement privatisées, on plaça les amis du RPR. Les Messier, Monod et autre fines fleurs du capitalisme français sont les héros de cette période

En 1988, Mitterrand fut réélu, et la « gauche » revint aux affaires. Puis, en 1993, la droite l'emporta aux législatives et Balladur devint le Premier ministre de la seconde cohabitation.

En 1995, Balladur trahit à son tour Chirac et une bonne partie de l'appareil du RPR (des hommes comme Sarkozy et Devedjian), ainsi que des Léotard et Longuet, etc., le suivirent. Mais c'est Chirac qui fut élu président de la République. Juppé, son Premier ministre, en s'attaquant à leurs retraites contribua à mettre les cheminots en grève et des centaines de milliers de fonctionnaires dans la rue, et battit les records d'impopularité. Chirac dissolvait alors en 1997 l'Assemblée nationale et précipita la chute de sa majorité, provoquant la troisième cohabitation. Mais cette fois, les rôles étaient inversés, le président Chirac étant de droite, l'Assemblée et le gouvernement présidé par Jospin étant de gauche.

Telle est l'odyssée politique de celui que la gauche en peau de lapin a osé présenter comme le sauveur, le recours ou le rempart contre l'extrême droite. Vrai politicien, vrai homme de droite, vrai magouilleur, pour ne pas dire affairiste. On a les sauveurs à sa mesure !

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