Etats-Unis : Le début du procès du groupe Andersen10/05/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/05/une1763.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Etats-Unis : Le début du procès du groupe Andersen

L'Etat américain aimerait tourner la page du scandale Enron

Le procès de la société Arthur Andersen va s'ouvrir à Houston (Texas). Ce cabinet d'expertise comptable, entre autres activités, avait couvert les malversations du groupe de négoce d'électricité Enron, pour retarder les effets d'une faillite retentissante qui a jeté à la rue des milliers d'employés et réduit à néant leurs fonds de pension.

La justice américaine reproche principalement à la firme la destruction de pièces comptables de la société Enron. Arthur Andersen espérait ainsi dissimuler les mauvais résultats d'Enron vis-à-vis de la SEC, le gendarme de la Bourse américaine, pour empêcher la chute de son action en Bourse. Peine perdue puisque le 16 octobre 2001 Enron avait dû annoncer des pertes de 700 millions d' euros.

La justice a procédé avec Arthur Andersen comme elle l'avait fait avec... A1 Capone. Elle a convaincu le comptable de cette entreprise de témoigner contre elle. C'est donc celui qui a décidé de détruire les pièces de comptabilité qui va témoigner contre le chef d'entreprise d'Arthur Andersen !

La firme américaine a usé de tous les moyens pour trouver un arrangement amiable dans la coulisse mais sans succès. On sait que des milliers de pièces comptables ont été détruites à Portland, à Chicago mais aussi à Londres. En quelques jours, Arthur Andersen a ainsi « mouliné » autant de documents qu'en deux ans d'activité. Il est difficile dans ces conditions, pour la firme mise en accusation, de prétendre que ces destructions étaient « innocentes ». Elle va donc prétendre, pour se défendre, que le témoin essaye de se venger d'avoir été licencié (rappelons que des milliers d'employés ont été ou vont être licenciés chez Arthur Andersen).

Si Arthur Andersen était condamné, cela signerait la disparition de cette entreprise sur le marché américain. De toute façon, l'empire Arthur Andersen a déjà disparu à travers le monde. Pour l'essentiel, d'autres cabinets du même genre, KPMG, Price Waterhouse Coopers, Deloitte & Touche ou Ernst & Young ont récupéré des morceaux du cabinet d'affaires dont les activités s'étendaient au monde entier. Mais la firme cherche à sauvegarder son droit d'exercer aux États-Unis. Il n'est pas sûr qu'elle y parvienne, dans la mesure où l'État américain paraît décidé à faire un exemple, en condamnant Arthur Andersen, et ainsi tourner la page du scandale de la faillite d'Enron.

Mais c'est plus facile à dire qu'à faire. L'affaire Enron continue de défrayer la chronique. Le procès est en préparation. L'enquête suit donc son cours et la presse américaine se fait l'écho des découvertes des enquêteurs. Ainsi, des documents internes montrent que les responsables d'Enron ont utilisé, pendant la crise de l'énergie en Californie, différentes techniques, portant des noms de code comme « ricochet » par exemple, qui étaient autant de méthodes pour augmenter les coûts des

fournitures d'électricité ce qui, pour Enron, signifiait augmenter ses profits. Les responsables de la firme n'hésitaient pas à intoxiquer les responsables politiques locaux avec de fausses informations, tandis qu'ils surfacturaient les coûts pour tous les participants du secteur de l'électricité.

Et tout cela est déballé devant les consommateurs qui, eux, ont payé le prix fort pour leur électricité... Pour être juste, les documents montrent aussi que les autres compagnies du secteur de l'électricité en ont fait autant ! Autant dire que, si l'État américain a envie de tourner la page sur cette affaire, toutes les conditions sont réunies pour que d'autres affaires Enron voient le jour. A moins de se débarrasser du capitalisme !

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