Droite-Extrême Droite : Attitude de fermeté au sommet et accords électoraux à la base ?10/05/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/05/une1763.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Elections présidentielles

Droite-Extrême Droite : Attitude de fermeté au sommet et accords électoraux à la base ?

Jusqu'à présent, Chirac a prôné une attitude de « fermeté » à l'égard du Front National, refusant tout accord de désistement lors des élections. Mais ses partisans du RPR comme de l'UDF ont conclu bien des accords de désistement locaux avec le FN, même quand les états-majors nationaux s'y opposaient.

Un certain nombre de maires, de députés et de présidents de Conseils régionaux, du RPR, de l'UDF ou de Démocratie Libérale, ont été élus avec les voix du Front National.Ces dernières années, bien des élus de droite se sont empressés de conclure des accords locaux avec l'extrême droite, surtout lorsqu'il s'agissait de préserver leurs sièges de députés menacés. On se souvient encore comment en 1986, Pasqua, ministre de l'Intérieur de Chirac, est allé pêcher dans le marigot nauséabond du Front National en se découvrant des « valeurs communes » avec l'extrême droite !

Ainsi en septembre 1983 Stirbois, second de Le Pen de l'époque, candidat du Front National, avait obtenu 16,7 % des voix à l'élection municipale partielle de Dreux. Il devint maire adjoint après une alliance électorale avec la droite RPR-UDF. Aux élections régionales de 1986, les voix du Front National ont permis à la droite d'obtenir la présidence de quelques Conseils régionaux. Aux législatives de 1988, enfin, un accord de désistement a vu le candidat de droite se retirer devant celui du Front National dans huit circonscriptions des Bouches-du-Rhône.

Lors des élections législatives, en 1997, le Front National s'est maintenu au deuxième tour dans 76 circonscriptions. Passant outre les consignes des états-majors nationaux, une vingtaine de députés de droite ont fait allégeance au Front National - certains par écrit - de crainte de perdre leur siège de député. Seulement une dizaine d'entre eux ont réussi à sauver par cette opération leur mandat. Le secrétaire général de l'UDF, en 1997, Goasguen. avait exhorté la droite à rejeter « l'anathème » et toute « diabolisation » du Front National. Il était soutenu dans sa démarche par Peyrefitte, ancien ministre de De Gaulle, et Christine Boutin, la députée des Yvelines candidate à la dernière élection présidentielle. Tous deux appelaient « à la négociation » avec le FN. Griotteray, le député-maire UDF de Charenton, militait, lui, pour une alliance de toutes les droites.

Plus récemment, lors des élections régionales de 1998, le Front National ayant obtenu 15,3 % des voix et 275 élus, pas moins de cinq responsables UDF se firent élire à la présidence des Conseils régionaux avec les voix de l'extrême droite : Baur en Picardie, Soisson (qui fut un temps ministre de Mitterrand) en Bourgogne, Blanc en Languedoc-Roussillon, Harang dans le Centre et Charles Millon, ancien ministre de la Défense UDF, en Rhône-Alpes. Ce dernier avait directement négocié sa réélection avec le bras droit de Le Pen, Gollnisch. L'extrême droite avait appliqué alors, à l'égard de la droite, une politique dite de « soutien sans participation ». Le récent retour en grâce des Blanc, Soisson et Millon auprès de Chirac, qu'on a vus aux premiers rangs du meeting de Chirac, entre les deux tours de la présidentielle, résonne comme un appel du pied à l'électorat d'extrême droite.

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