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Dans le monde
Afrique : Le Hold-up du Groupe Bolloré sur l'économie africaine
Derrière l'image d'Epinal de la petite entreprise familiale bretonne de papiers à cigarette qui a réussi, il y a une multinationale qui a bâti sa fortune en faisant main basse sur une partie de l'économie du continent africain. Rien ne résiste en effet à l'appétit du groupe Bolloré, qui pille les richesses de l'Afrique, à l'instar de bien d'autres multinationales françaises.
Le groupe compte 70 sociétés, implantées dans 35 pays, et emploie plus de 15 000 personnes. Son chiffre d'affaires a atteint 5100 millions d'euros en 2 000, tandis que son résultat net s'est élevé à 113 millions. Patron du groupe, Vincent Bolloré dispose de plus d'un milliard d'euros de liquidités et il vient d'entrer dans le capital de Vivendi, après celui de la Seita et de Bouygues.
Il s'est fait une spécialité du rachat tous azimuts d'entreprises, notamment en Afrique où il ;i fait l'acquisition du groupe Saga, spécialisé dans la manutention portuaire, a pris le contrôle du groupe Rivaud, qui comprend, entre autres, la banque liée au RPR, le parti de Chirac, et surtout de nombreuses plantations tropicales. Que ce soit en Côte-d'Ivoire, au Gabon, au Burkina Faso, au Cameroun, au Mali, au Togo, ou au Congo-Brazzaville, l'emprise tentaculaire du groupe s'est étendue à des activités économiques et commerciales aussi différentes que la culture du tabac et la fabrication de cigarettes en Côte-d'Ivoire, l'exploitation. du caoutchouc et de la banane, du cacao et du coton, dans d'autres pays d'Afrique de l'Ouest.
Le groupe Bolloré tire également profit du monopole dont il jouit sur les transports ferroviaires et maritimes. Il a racheté la société Sitarail en Côte-d'Ivoire, s'est emparé du Chemin de Fer Congo-Océan (CFCO) et a fait main basse sur la Regifercam au Cameroun, indispensable pour les relations commerciales avec le Tchad qui possède du pétrole. Il contrôle également la plus grande partie du réseau ferroviaire et routier de l'Afrique australe, de l'Angola à l'Afrique du Sud en passant par le Mozambique et la Zambie.
Dans le domaine des transports maritimes, Bolloré s'est taillé la part du lion en rachetant le premier armateur privé français Delmas-Vieljeux, qui exploite des navires (sous pavillon de complaisance) reliant le continent africain. Ces navires sont affrétés par SDV, une société de Bolloré. Spécialiste du « transport intégré, de la sortie de l'usine jusqu'à l'utilisateur final », la multinationale cherche à monopoliser les activités portuaires de la plupart des ports de la côte occidentale, de Pointe-Noire, au Congo, à Dakar, au Sénégal.
Le rachat du groupe Rivaud (et de ses sociétés forestières) a permis à Bolloré de se lancer dans l'exploitation des bois tropicaux au Cameroun. La société « Forestière de Campo » - qui lui appartient - a déjà exploité plus de 137 000 hectares. Les conséquences de ce pillage sont catastrophiques : exploitation forcenée des ouvriers des sociétés forestières, déplacements de populations et désastre écologique prévisible (la forêt primaire risque de disparaître d'ici une dizaine d'années si rien n'arrête Bolloré).
Pour asseoir son pouvoir économique sur le continent africain, le groupe a été - et est toujours - soutenu par le pouvoir politique français. Il fait des « affaires » avec les pires dictatures : Sassou Nguesso au Congo-Brazzaville, Idriss Déby au Tchad, tandis que le monopole de nombreux moyens de transport lui permet d'accaparer plus rapidement les richesses des pays pauvres. Et qui dit « affaires » avec de telles dictatures dit sociétés écrans pour masquer le pillage et la corruption des élites locales. Bolloré saigne l'Afrique, avec l'aide de l'impérialisme français, pour son plus grand profit et celui de ses actionnaires.