Grande-Bretagne : Les bourgeois demandent aux lords d'enterrer la classe ouvrière26/04/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/04/une1761.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Grande-Bretagne : Les bourgeois demandent aux lords d'enterrer la classe ouvrière

Au cours des mois qui viennent, la Haute Cour britannique va devoir trancher, avec toute la solennité qui convient, sur le fait de savoir si, aujourd'hui, on peut considérer que " le terme de classes laborieuses a perdu toute signification ".

Mais qu'on ne s'y trompe pas : il ne s'agit pas là d'un débat politique qu'auraient lancé ceux qui n'en finissent pas d'enterrer le mouvement ouvrier, mais bien d'une affaire de gros sous !

Ceux qui souhaiteraient voir les classes laborieuses ainsi rayées de la carte sociale par la Haute Cour, sont en effet les dirigeants d'une grosse entreprise de promotion immobilière, Dano Ltd, qui ambitionnent de construire des logements de grand luxe à 25 millions d'euros pièce (165 millions de francs), à Chelsea, l'un des quartiers les plus chics de Londres. Seulement voilà, le terrain sur lequel ils comptent construire fut vendu en 1929 à la condition expresse qu'il soit pour toujours réservé au logement des seules " classes laborieuses ".

Personne n'aurait prêté attention à cette clause oubliée si le petit-fils de l'ancien propriétaire n'avait exigé des promoteurs un " dédommagement " pour lui faire " oublier " le paternalisme de son aïeul. Et c'est pour passer outre à cette exigence que les promoteurs ont demandé à la Haute Cour de trancher.

Ce qui ajoute du piment à l'affaire est que le petit-fils en question, qui pose au " défenseur " des classes laborieuses, n'est autre que Charles Gerald John, comte de Cadogan, vicomte de Chelsea et, à ce titre, propriétaire de neuf hectares de ce quartier, évalués à la bagatelle de 27 milliards d'euros (177 milliards de francs) !

Lorsqu'il s'agit d'argent (et surtout, comme dans ce cas, de beaucoup d'argent), les possédants ne craignent pas le ridicule. Un quarteron de lords, héréditaires sans doute, vont donc débattre doctement sous leurs perruques poudrées de savoir si les " classes laborieuses " existent encore. Des avocats et autres parasites de justice y ramasseront au passage quelques millions d'euros. Tout cela pour arbitrer un conflit sordide entre un pair du royaume en mal de trésorerie et des promoteurs aux dents longues.

Et quelle ne sera pas la surprise de tout ce beau monde lorsque les " classes laborieuses " britanniques, sortant de leur décès juridique probable, viendront lui botter le derrière !

Partager