- Accueil
- Lutte ouvrière n°1760
- Vivendi
Leur société
Vivendi
Vivendi connaît des déboires à la Bourse, au point que les actionnaires envisagent de révoquer son Pdg, Jean-Marie Messier, jusque-là considéré par ce petit monde comme un modèle.
Ces dernières années, tout semblait aller pour le mieux dans le meilleur des mondes capitalistes pour les actionnaires de Vivendi, l'ancienne Générale des eaux. L'eau, mais aussi la gestion des transports publics dans de nombreuses villes, ainsi que le ramassage des ordures ménagères, alimentaient la pompe à profits. En effet les contrats avec les collectivités locales garantissent pratiquement les bénéfices. Il y a des clauses d'intéressement, mais les pertes sont pratiquement impossibles, les collectivités se chargeant de régler les déficits, parfois très importants.
Au début des années quatre-vingt dix notamment, les factures d'eau avaient grimpé en flèche, et l'eau est en moyenne beaucoup plus chère dans les villes ayant un contrat avec Vivendi ou une de ses semblables que dans celles qui gèrent directement ce service.
Une fois de larges dividendes payés aux actionnaires, il restait à Vivendi encore beaucoup d'argent, qui fut placé dans d'autres secteurs, comme l'information et les communications, où il semblait possible de le faire fructifier très rapidement sans même accroître les activités. C'est ainsi que Vivendi a fusionné avec le groupe canadien Seagram qui détenait des droits sur la production de musique et de cinéma, entre autres celle des studios Universal à Hollywood.
Tant que l'action Vivendi était à la hausse, ses dirigeants n'hésitèrent pas à racheter des sociétés dont les prix étaient déjà faramineux mais qui continuaient à grimper. Ils se gênèrent d'autant moins pour le faire qu'ils n'avaient en général pas besoin de sortir d'argent : ils faisaient leurs achats à crédit, en prévoyant de payer par des actions de Vivendi, ce qui était évidemment bien commode.
Mais aujourd'hui, la spéculation se retourne à la baisse. Les partenaires de Vivendi n'acceptent plus d'être payés en actions, ils veulent de l'argent. Il est donc question de l'endettement de Vivendi, comme il en est question d'ailleurs pour France Télécom et pour d'autres. De plus, les acquisitions les plus importantes de Vivendi se sont réalisées aux États-Unis, où la législation, sur ce point, oblige à un tout petit peu plus de transparence qu'en France. En conséquence, Vivendi est obligé, d'ici un an, d'ajuster dans ses comptes la différence existant entre le prix énorme de ses acquisitions et leur valeur réelle. Selon la presse économique, c'est la reconnaissance de ces " survaleurs " qui serait à l'origine de la baisse du cours de l'action Vivendi.
Pour régler ses dettes accumulées dans les secteurs de l'information et de la communication, il est question que Vivendi accepte de vendre une part du capital de sa filiale Vivendi- Environnement, qui regroupe l'eau, les transports urbains et les déchets. Cette société continue à rapporter beaucoup d'argent, au point d'être qualifiée par un journal financier de " machine à produire du cash ". Car, effectivement, quand on règle sa facture d'eau ou sa taxe d'habitation, on est obligé de payer rubis sur l'ongle. Et c'est évidemment de ce côté que les dirigeants de Vivendi se tournent pour payer leurs dettes.
Un récent rapport parlementaire souligne " la persistance de pratiques conduisant à faire peser des charges indues sur les usagers ", notamment par le biais de provisions " surestimées et non utilisées ". Ces provisions sont censées servir à l'entretien et au renouvellement des réseaux d'eau et d'assainissement. Maintenant que les dirigeants de Vivendi ont besoin d'argent frais pour rembourser leurs dettes, on peut parier qu'ils feront largement appel à ce trésor de guerre payé par les usagers, tandis que les installations risquent d'être laissées dans un piteux état !