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Leur société
Blanchiment
Après trois ans de travaux, la mission d'information parlementaire sur le blanchiment de l'argent sale a rendu son rapport, le jeudi 11 avril. Les députés PS qui l'ont animée décrivent bien l'ampleur des trafics financiers en tout genre, même si c'est en termes modérés.
Mais pour ce qui est d'indiquer les remèdes, il ne faut guère compter sur eux, car les " délits " financiers sont inséparables du fonctionnement normal du capitalisme, avec en particulier le secret des affaires. Pour y mettre fin, il faudrait s'en prendre aux financiers, aux grands patrons, à leur toute-puissance, ce que ces députés ne veulent à aucun prix.
Cette délinquance gangrène l'ensemble du système financier. Un exemple : les îles Caïmans, dans les Antilles anglaises, sont un des paradis fiscaux les plus connus mondialement. Or on y trouve implantés les principaux groupes financiers français : BNP-Paribas, Crédit Agricole Indosuez, CIC, Crédit Lyonnais, Natexis Banques Populaires, Société Générale...
L'argent sale qui est blanchi n'est pas seulement et principalement l'argent de la drogue ou de la prostitution. Les filières d'immigration clandestine fournissent aussi des fonds importants. Mais le principal est sans doute la délinquance financière liée à l'évasion fiscale, en particulier aux fraudes sur la TVA à l'intérieur de la Communauté européenne.
Et qui est chargé de lutter contre cette criminalité ? Les banques elles-mêmes ! Le rapport le dit : " La lutte contre le blanchiment repose, en France, trop largement sur le monde bancaire. " Les banques doivent en principe " déclarer les soupçons " lorsqu'une opération leur semble douteuse. Les sociétés de Bourse et les compagnies d'assurances devraient faire de même. C'est demander au voleur de jouer en même temps le rôle du gendarme !
Le rapport dénonce la " confidentialité " dont bénéficient certains " outils financiers ". Il regrette que ni les avocats ni les comptables ne soient obligés de déclarer leurs soupçons.
L'organisme suprême de surveillance du système financier est la Commission bancaire, supervisée par la Banque de France. Or cette Commission bancaire ne fait à peu près rien contre la délinquance financière : en 1999, elle n'a pris que 25 sanctions et transmis que quatre dossiers à la justice ! Le rapport dénonce son " insuffisante motivation ", son " laxisme prolongé ", la " connivence de bon aloi " qui règne en son sein. En fait, à travers elle, ce sont toujours les banquiers qui prétendent contrôler les banquiers !
Le rapport publié par la mission d'information parlementaire sur le blanchiment est intitulé " Un combat à poursuivre ". L'impression qu'il donne au lecteur est plutôt d'un combat à mener. Un combat que ne mèneront ni les banquiers eux-mêmes, bien sûr, ni des députés qui sont les défenseurs du système capitaliste, dont ils souhaiteraient seulement améliorer le fonctionnement.