Baisse des charges sociales patronales : Gauche et droite se disputent la première place19/04/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/04/une1760.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Elections présidentielles

Baisse des charges sociales patronales : Gauche et droite se disputent la première place

Peut-on encore trouver des charges patronales à baisser ? C'est manifestement le seul point de désaccord entre Jospin et Chirac en la matière. Chirac prévoit de procéder à une baisse " équivalente à celle opérée entre 1993 et 1995 ", c'est-à-dire par Édouard Balladur et Alain Juppé. Martine Aubry lui a répondu : " Il y a aujourd'hui zéro pour cent de charges patronales au niveau du Smic, que veut-il faire ? " Pour un peu, elle l'aurait traité de " supermenteur " pour avoir osé prétendre que la gauche au gouvernement avait encore laissé quelque chose à payer aux patrons !

Le fait est que, d'allégement en allégement, ceux-ci ne versent quasiment plus rien sur les bas salaires. Des 30,2 % du salaire brut que représentaient avant 1993 ces charges au niveau du Smic, Juppé a retranché 18,2 %, puis Martine Aubry 7,8 %. Il ne reste aujourd'hui que 4,2 % couvrant essentiellement les cotisations retraite.

On peut faire confiance au prochain ministre de l'Emploi, qu'il soit de droite ou de gauche, pour en ramener effectivement le niveau à zéro. Chirac a déjà prévu de faire cadeau aux entreprises de six milliards d'euros pour les salaires allant jusqu'à deux fois le Smic, et Jospin envisage des allégements de charges au moins sur les salaires de travailleurs les plus âgés.

Les patrons prétendent qu'ils ne peuvent embaucher parce que le coût du travail, c'est-à-dire les salaires et charges sociales, est trop élevé. Qu'à cela ne tienne, depuis dix ans les gouvernements de droite et de gauche ont rivalisé pour le réduire, au point qu'aujourd'hui, il faut vraiment gratter les fonds de tiroirs pour trouver encore quelque pour-cent de charges sur les bas salaires. Le résultat de tout cela, c'est que les milliards économisés n'ont pas incité les patrons à embaucher. Il y a toujours plus de deux millions de chômeurs et les patrons, pour profiter au maximum des allégements, ont fortement tendance à remplacer les travailleurs en place par d'autres moins bien rémunérés.

Aujourd'hui, la gauche et la droite se chamaillent uniquement pour savoir s'il est possible de faire encore mieux pour les patrons... donc pire pour les travailleurs.

Partager