USA : Le scandale Enron12/04/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/04/une1759.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

USA : Le scandale Enron

Le courtier en énergie Enron avait sombré en six semaines à la fin de l'année dernière. Il entraîne dans sa chute le cabinet d'affaires Arthur Andersen qui, en tant que commissaire aux comptes, garantissait la valeur de l'entreprise auprès des actionnaires et de la Bourse et avait aidé Enron à maquiller ses résultats. Les dirigeants d'Arthur Andersen sont à leur tour poursuivis en justice, notamment pour avoir détruit des documents comptables pour tenter de soustraire leur client Enron aux foudres des poursuites judiciaires. Cette dégringolade de deux très grandes entreprises américaines a été qualifiée par le directeur général de la Caisse des Dépôts et Consignations, qui est loin d'être un adversaire du capitalisme, " d'événement plus grave que la crise de 1929 ". La comparaison vaut ce qu'elle vaut, mais elle montre au moins que le monde de la finance est sous le choc.

Le cabinet Arthur Andersen remplissait de multiples rôles. Outre celui de commissaire aux comptes, se portant garant de la validité des entreprises qui faisaient appel à ses services, il réalisait également des audits d'entreprise, donnait des conseils financiers ou expliquait aux chefs d'entreprise comment leur entreprise pouvait bénéficier d'une fiscalité compliquée mais néanmoins pouvant les aider à arrondir leurs bénéfices. Cette activité de conseiller fiscal représentait le tiers de ses honoraires en 2001.

Avec l'affaire Enron, qu'il a aidé à dissimuler ses pertes dans la nébuleuse de ses quelque quatre mille filiales, Andersen a évidemment perdu toute crédibilité. Ses tentatives de payer pour suspendre une partie des plaintes contre lui n'ont pas été du meilleur effet. Et, aux Etats-Unis, le cabinet est en train de perdre tous ses clients, c'est-à-dire la fine fleur des grandes entreprises américaines, comme la compagnie aérienne Delta Airlines, les laboratoires pharmaceutiques Merck, le transporteur Federal Express et bien d'autres. Une trentaine de gros clients ont ainsi déserté le cabinet d'audit. Et les repreneurs ne se bousculent pas pour reprendre la marque, d'autant plus que les actionnaires s'apprêtent à entamer des poursuites.

De plus, Arthur Andersen avait des filiales dans plusieurs pays du monde, bien connues des travailleurs des grandes entreprises d'ici. Plus d'une fois, les hommes d'Arthur Andersen sont venus ausculter la situation de bien des grands groupes français pour conseiller restructurations et plans sociaux aux chefs d'entreprise.

Arthur Andersen, c'était le cabinet d'affaires qui venait leur expliquer comment perdre la " mauvaise graisse ", c'est-à-dire comment supprimer emplois sur emplois. Les clients d'Arthur Andersen France s'appellent Alcatel, Vivendi ou Schneider. Et, en dépit des circonstances, le patron de Vivendi, Jean-Marie Messier, sous le charme du monde de l'entreprise outre-atlantique, s'est fendu d'un hommage, pour services rendus, à la branche française.

Les différentes filiales étrangères examinent donc actuellement comment, et sous quel nom, elles pourraient poursuivre leurs activités. Quant à la maison-mère, elle s'apprête dans l'immédiat à annoncer le licenciement de 7 000 de ses 28 000 employés des Etats-Unis et du Canada. Les licenciements ne devraient pas en rester là. Selon certains pronostics, dans le cas où Arthur Andersen parviendrait à maintenir une certaine activité, il devrait malgré tout licencier au moins 18 000 personnes.

Le capitalisme, le meilleur des systèmes possibles ?...

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