Les pompiers lyonnais en colère12/04/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/04/une1759.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Les pompiers lyonnais en colère

Jeudi 4 avril, le quartier de la préfecture, à Lyon, a été le théâtre de violents affrontements entre pompiers professionnels et CRS : barrières de sécurité d'un côté contre gaz lacrymogènes et matraques de l'autre. Les affrontements se sont poursuivis devant le centre des pompiers de la rue Pierre-Corneille, voisine de la préfecture, où les CRS furent reçus sous le déluge d'une lance à incendie. Bilan : une vingtaine de CRS et cinq pompiers blessés.

La colère des pompiers, qui manifestaient depuis le matin dans les rues de Lyon, a été provoquée par les atermoiements du préfet et de Mercier, président du Conseil général du Rhône. Ceux-ci avaient accepté de recevoir une délégation syndicale à 15 heures. Mais devant l'imposant cortège des pompiers, en tenue, casqués et en rangs serrés, venus accompagner leurs représentants syndicaux, le préfet crut bon de poser des conditions pour accepter de les recevoir.

Las de se faire lanterner depuis des mois par Mercier, également président du conseil d'administration du SDIS (Service départemental d'incendie et de secours), les pompiers finirent par laisser leur colère exploser.

Les raisons de cette colère viennent de l'application des 35 heures : pour Mercier, c'était l'occasion de chambouler tous les horaires. Ainsi, au lieu de gardes de 24 heures, il proposait des gardes de huit heures, prétextant que c'était un progrès de travailler moins longtemps.

Mais, avec des gardes plus courtes, les conditions de logement et de restauration dans les centres de secours étaient supprimées. Et, alors que certains habitent loin, cela imposait de revenir plus souvent.

Face à l'opposition unanime des pompiers, Mercier a d'abord reculé. Il imposa des gardes de 12 heures, mais seulement aux nouvelles recrues. Il introduisait ainsi des " pompiers à deux vitesses ", les nouveaux embauchés n'ayant plus les avantages sociaux des anciens.

Il décida également que les équipages ne seraient plus désormais de quatre hommes par véhicule, mais de trois. Dans les centres de secours, les effectifs d'astreinte sont déjà tellement réduits que, lorsqu'un équipage est parti sur un sinistre, il faut souvent faire appel aux autres centres de l'agglomération si un deuxième sinistre survient. Ainsi les délais d'intervention, souvent décisifs pour sauver des vies, sont fréquemment allongés. Et, pour chaque pompier, le nombre de sorties augmente, surtout la nuit, et les conditions de travail se dégradent.

Enfin, alors que dans les centres de secours de Lyon il n'y a actuellement que des pompiers professionnels, le président du Conseil général voudrait y introduire des pompiers volontaires, qui coûtent évidemment moins cher, mais qui n'ont pas le même professionnalisme que les pompiers professionnels. Et surtout, c'est un moyen d'introduire la précarité chez les pompiers. Le dialogue de sourds est donc total.

Le conflit est donc loin d'être terminé, car la détermination des pompiers à se faire respecter et à défendre la qualité et la rapidité de leurs interventions reste entière.

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