Bush choisit de laisser faire Sharon05/04/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/04/une1758.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Bush choisit de laisser faire Sharon

Il y a trois semaines, le vice-président des Etats-Unis avait fait la tournée de ses alliés dans le monde arabe. Il venait y chercher un éventuel soutien si Washington se décidait à s'en prendre à l'Irak. Mais le représentant des Etats-Unis s'était surtout entendu dire que ceux-ci devraient tenter de calmer le jeu au Proche-Orient en pesant de tout leur poids pour modérer la politique israélienne. Bien des observateurs en avaient espéré un changement de cap de l'administration Bush. En déclarant qu'il " comprenait " Sharon, le président Bush confirme que les Etats-Unis sont surtout décidés à laisser les dirigeants israéliens agir à leur guise.

Dans les premiers mois où l'administration Bush était aux affaires, elle a montré nettement une parfaite indifférence vis-à-vis des affrontements entre Israéliens et Palestiniens. Son souci principal semblait être de se dégager du processus de paix dans lequel son prédécesseur, Bill Clinton, avait paru plus engagé. Les Etats-Unis n'avaient plus envie de faire semblant de pousser dans le sens de la paix dans cette région.

Au cours de la période la plus récente, l'administration américaine a semblé montrer des signes inverses. Elle a été la principale instigatrice de la résolution n?1397 adoptée par les Nations unies, le 13 mars dernier, qui défendait, pour la première fois " la vision d'une région dans laquelle deux Etats, Israël et la Palestine, vivant côte à côte à l'intérieur de frontières reconnues et sûres " . Les Etats-Unis ont même semblé confirmer ce vote, samedi 30 mars, en votant une autre résolution du Conseil de Sécurité de l'ONU, appelant les Israéliens à se retirer de Ramallah et des Territoires palestiniens.

Mais, finalement, au moment où Sharon intensifiait à nouveau sa guerre, et faisait revenir ses chars dans plusieurs villes des Territoires palestiniens, Bush a lancé qu'il " comprenait " Sharon.

Bien sûr, le Bush qui vient de terroriser les populations afghanes comprend très bien le Sharon qui fait la guerre aux populations palestiniennes. Mais Bush entendait ainsi dire à Sharon qu'il a le feu vert.

On a vu bien des fois les présidents américains se retrancher derrière telle ou telle résolution de l'ONU pour justifier une intervention américaine contre tel ou tel Etat lui faisant de l'ombre. On pense à l'Irak par exemple. Mais le président américain n'a pas la même attitude quand l'Etat en cause est un de ses alliés sûrs.

Bush n'a pas cherché à rappeler, avec fermeté, au Premier ministre israélien, les résolutions des Nations unies le concernant - cela est une indication du peu de valeur qu'il faut y attacher -, il s'est contenté de rappeler en termes vagues à Sharon qu'un jour ou l'autre il faudra bien faire la paix avec les Palestiniens. Et, en attendant, rien ne presse.

Le refus des Etats-Unis de freiner les ardeurs de Sharon est un encouragement à sa politique répressive. Et Sharon ne se l'est pas fait dire deux fois.

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