Renault passe des contrats avec des sociétés extérieures pour le nettoyage des locaux. Ainsi, au Technocentre Renault à Guyancourt (Yvelines) où il y a plus de 8 000 salariés, la société TFN assure la majeure partie du nettoyage avec un effectif de 83 travailleurs. Ils ont dû faire grève pour se faire respecter.

50 travailleurs sont à temps complet et 33 sont à temps partiel, dont la moitié voudrait passer à temps plein. Les heures de travail sont mal réparties dans la journée, les heures supplémentaires ne sont pas payées ; parfois les congés aussi ne sont pas payés. Une chef de secteur raciste a, par son comportement et ses insultes, fait exploser le ras-le-bol.

Pour protester contre leurs conditions de travail, la quasi-totalité des travailleurs de TFN signaient alors une pétition qu'ils remirent à la réunion de délégués du personnel le jeudi 7 mars. Le lendemain, 40 entre eux travaillant dans un même secteur du Technocentre se mirent en grève pour exiger départ de la chef raciste et l'amélioration de leurs conditions de travail. Les responsables de TFN eurent beau venir dans le bâtiment pour dire aux grévistes de se calmer et de reprendre le travail, la grève commença à s'organiser avec des diffusions de tracts aux cantines et dans les bureaux pour informer le personnel de Renault, qui lui fit bon accueil. Et l'après-midi même, les travailleurs de deux autres bâtiments du Technocentre se mettaient aussi en grève, aidés par les militants CGT de TFN et de Renault.

Pendant le week-end, la direction de TFN essaya d'entamer le moral des grévistes en faisant faire le nettoyage des bureaux par d'autres, mais cela n'y changea rien : lundi 11 mars, la grève était reconduite dès le matin et la direction de TFN dut se résoudre, en fin de journée, à céder sur une partie des revendications : elle acceptait de muter ailleurs la chef méprisante et de payer les heures supplémentaires et les congés. Mais elle refusait de passer à temps plein une partie des travailleurs qui le souhaitaient. Pendant ces négociations, menées entre la direction de TFN et une délégation de sept travailleurs accompagnés de leurs délégués de la CGT et d'un responsable CGT du nettoyage de la région parisienne, l'ensemble des travailleurs restèrent à côté de la salle et ne voulurent pas s'en aller malgré les chefs de TFN qui les invitaient à partir.

Mardi 12 mars, les travailleurs de TFN continuaient la grève pour obtenir satisfaction sur le passage à temps complet. La direction de TFN convoqua une deuxième réunion à laquelle participèrent cette fois dix grévistes avec les délégués CGT, TFN et Renault ; là encore, tout à côté, à la sortie de la salle, se tenaient leurs camarades. La direction accepta alors de faire passer à temps plein dix salariés qui travaillent à temps partiel ; elle s'engagea à payer à 50 °/o les heures de grève du vendredi et du lundi, et intégralement la journée du mardi.

Les travailleurs de TFN sont satisfaits des résultats de leur mouvement. Tous sont contents de s'être retrouvés ensemble dans la grève et d'y avoir participé activement.