Portugal : L'avortement toujours interdit22/03/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/03/une1756.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Portugal : L'avortement toujours interdit

La journée internationale des femmes a donné lieu à un bilan sur l'IVG, l'interruption volontaire de grossesse, dans les pays de la Communauté européenne. Le Portugal est apparu comme l'un des pays les plus retardataires. C'est que l'Eglise catholique y a conservé un poids important, et que les partis politiques refusent de lui déplaire.

L'IVG y est autorisée seulement dans les cas de viol jusqu'à 16 semaines de grossesse, et jusqu'à 24 semaines s'il y a danger pour la vie ou pour l'équilibre psychique de la mère, ou s'il y a des risques de malformation du foetus.

Les femmes qui refusent une grossesse (elles seraient 40 000 chaque année) sont donc obligées d'aller avorter en Espagne, si elles en ont les moyens, ou de se débrouiller sur place, illégalement, avec tous les risques que cela comporte. Pas étonnant que le Portugal soit le pays d'Europe où il y a le plus de mères adolescentes.

En 1998, les députés portugais avaient voté une loi, proposée par le Parti Socialiste et soutenue par le président de la République socialiste Jorge Sampaio, autorisant l'avortement pour toutes jusqu'à dix semaines. C'était compter sans la puissance de l'Eglise.

Le Premier ministre socialiste Guterres, catholique fervent, décida de faire un référendum sur la dépénalisation de l'IVG instaurée par la loi. Le clergé fit une campagne frénétique et l'emporta de justesse au référendum. Seul le Parti Communiste Portugais s'était clairement prononcé pour la libéralisation. Les deux grands partis, le PS à gauche et le PSD à droite, n'avaient donné aucune consigne de vote, pour ne pas risquer de mécontenter l'Eglise, avec les conséquences que cela peut avoir aux élections.

L'IVG reste donc interdite au Portugal et la répression continue de s'abattre sur celles qui y ont recours. Ainsi en janvier dernier, dans la ville de Maia près de Porto, dans le nord du pays, une sage-femme pratiquant des IVG à son domicile et dix-sept de ses clientes sont passées en jugement. La sage-femme a été condamnée à huit ans de prison. Une des femmes ayant avorté a reconnu les faits et a été condamnée à quatre mois de prison. Les seize autres ont nié et ont été acquittées.

Aux élections législatives du 17 mars, la libéralisation de l'IVG a été un des thèmes de la campagne. Mais, à part le PC et le Bloc de Gauche, les partis politiques ne veulent pas se prononcer, ou se prononcent contre, comme le très réactionnaire Parti Populaire. Pour eux, la démocratie, c'est que les évêques et les curés décident à la place des femmes.

Partager