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- Lutte ouvrière n°1756
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Dans les entreprises
Les travailleurs d'EDF face à la menace de privatisation
Chez les travailleurs d'EDF, les propos de Chirac et de Jospin se présentant comme les défenseurs d'un " service public à la française " et s'opposant à la privatisation d'EDF n'ont pas fait illusion. Bien des agents pensent, et le disent haut et fort, qu'il ne s'agit que de promesses électorales.
Il faut avoir la mémoire courte pour oublier que la privatisation de Gaz de France était programmée l'an dernier et qu'elle a finalement été repoussée après les élections, au grand dam de Fabius. Le même Fabius préconise la privatisation d'EDF, même si, comme la droite, les dirigeants socialistes préfèrent utiliser le terme hypocrite " d'ouverture du capital ". Strauss-Kahn en a rajouté et précise même que le seuil de 50 % du capital détenu par l'État ne doit pas être " gravé dans le marbre ".
Depuis plusieurs années, les directions d'EDF-GDF justifient toutes les suppressions de personnel par l'ouverture du marché de l'électricité et du gaz à la concurrence. Elles répètent que les salaires coûtent, que les travailleurs sont trop nombreux. Dans les services techniques, de plus en plus de travail est sous-traité au nom de la rentabilité. Et de plus en plus de travailleurs s'inquiètent des orientations qu'EDF et GDF ont prises ces dernières années, et de leur propre avenir. La politique d'achat d'entreprises électriques dans le monde entier (le dernier achat est un réseau de distribution aux USA) fait rager des agents qui se rendent compte que l'entreprise trouve l'argent pour ses achats, entre autres en diminuant les effectifs. Quand EDF débourse 120 millions d'euros pour éponger les pertes de sa filiale en Argentine ou quand le modèle de référence vanté par la direction, la société américaine Enron, fait faillite, les commentaires sont nombreux pour dire qu'EDF pourrait bien arriver au même résultat ! Et quand on sait que le service des ressources humaines a créé une rubrique " indemnités pour rupture de contrat de travail à l'initiative de l'employeur ", on devine qu'il s'agit, à terme, d'une remise en cause de la garantie de l'emploi.
Toute la politique de la direction d'EDF est tournée vers la privatisation. Mais les directions syndicales ne s'y opposent pas. Denis Cohen, le secrétaire général de la Fédération Energie CGT, le syndicat majoritaire, qui est à la direction du PCF, a donné de nombreuses interviews pour dire qu'il n'est pas opposé à l'ouverture du capital d'EDF-GDF. Mais chez les militants, notamment dans le milieu CGT, les opposants à Cohen sont nombreux.
Effectivement, pour empêcher la privatisation, les salariés d'EDF et GDF doivent compter avant tout sur leur propre mobilisation, en se méfiant de toutes les tentatives de les endormir en présentant la privatisation sous des apparences inoffensives.