Au moment de remplir sa déclaration d'impôts, chacun peut calculer combien il payera d'impôt sur le revenu. C'est la partie visible de ce qu'il aura à débourser. Mais ce n'est qu'une partie, et pas la plus importante.

Beaucoup de salariés ou de pensionnés n'ont même pas des rentrées suffisantes pour être imposables sur le revenu. Mais des impôts, ils en paient quand même. Et pas mal, car la plus grande partie des impôts est assise sur la consommation. La TVA, la TIPP (taxe sur les carburants), les taxes sur le tabac et, plus généralement, les impôts indirects frappent proportionnellement bien plus les pauvres que les riches.

C'est ce que montre une étude de l'INSEE, la dernière disponible, datant de 1997.

Ainsi, parmi les couples de salariés avec deux enfants, les 10 % les plus pauvres gagnent en moyenne 154 700 F de salaire net. Ils payent 1352,84 F d'impôt sur le revenu, mais 20 360,74 F de TVA et TIPP.

Autre exemple, parmi les salariés vivant seuls et sans enfant, les 10 % les plus pauvres ont en moyenne un revenu avant impôts de 59 360 F. Ils payent là-dessus en moyenne 1 132 F d'impôt sur le revenu, mais 8 667 F de taxes sur la consommation, et 1 118 F d'impôts locaux. La TVA et la TIPP représentent 14,6 % de leurs revenus alors que l'impôt sur le revenu n'en représente que moins de 2 %.

A l'inverse, les 10 % les plus riches, toujours parmi les salariés vivant seuls, ont un revenu moyen de 403 520 F, payent 48 536,77 F d'impôt sur le revenu, mais seulement 28 844,44 F de TVA et 4 301,15F d'impôts locaux, soit 12 % d'impôt sur le revenu et seulement 7,15 % de TVA.

Les 5 % des ménages les plus pauvres ne payent quasiment pas d'impôt sur le revenu (0,17 %), mais 13,33 % de TVA et 1,69 d'impôts locaux. Les 5 % les plus riches payent 13,32 % d'impôt sur le revenu, mais seulement 6,73 de TVA, et 1,34 % d'impôts locaux.

Rien n'est donc plus faux que de prétendre que, dans ce pays, les riches sont les plus taxés.

Les chiffres montrent que la TVA est de très loin le premier impôt pour l'immense majorité des travailleurs.

S'il fallait diminuer le prélèvement fiscal qui pèse sur les fractions de la population la moins favorisée, il faudrait supprimer les impôts indirects.

Mais c'est l'impôt sur le revenu que les candidats Jospin et Chirac promettent de réduire, y compris les plus hautes tranches.

Au bout du compte, leurs promesses électorales s'adressent avant tout aux favorisés, ce n'est ni une révélation ni une surprise.