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- Lutte ouvrière n°1756
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Leur société
Avec la fin de la "trêve hivernale"... le retour des expulsions
Avec la fin de la trêve hivernale, le 15 mars, les expulsions pour loyers impayés reprennent. Les dernières statistiques, portant sur l'année 2000, montrent une progression dans le nombre des procédures d'expulsion. Près de 80 000 décisions ont été prononcées, en hausse de plus de 10 % par rapport à l'année précédente; 5 936 expulsions, souvent musclées, avec intervention de la police, ont été réalisées, contre 4 753 en 1999.
En principe, la loi de lutte contre les exclusions, votée en 1998, devait protéger les plus démunis contre le risque de se voir jetés à la rue, mais dans les faits, on constate que leur situation s'aggrave.
La principale raison en est l'aggravation de la pauvreté, de manière générale. La précarité, les bas salaires, le travail partiel imposé se généralisent et, même avec un emploi, nombre de travailleurs n'arrivent tout simplement pas à boucler leurs fins de mois. La situation est encore pire pour les chômeurs. Dans ces conditions, il est facile d'accumuler les impayés ou les retards de loyers. Si les salaires étaient corrects, les travailleurs pourraient avoir des logements décents sans craindre l'expulsion.
À cela s'ajoutent la lenteur de l'administration, par manque d'effectifs, pour traiter les dossiers de demande d'aide et, surtout, le manque de logements sociaux à prix raisonnables permettant à chacun d'avoir un toit. La secrétaire d'État au Logement, Marie-Noëlle Lienemann, se vante de ce que 56 000 logements sociaux aient été réalisés en 2001. Mais pour loger les trois millions de sans-abri et de mal-logés, il faudrait en construire au moins 200 000 par an pendant le prochain quinquennat, estime l'association Droit Au Logement, en tenant compte de la réquisition de logements vacants. Les résultats dont se félicite la secrétaire d'État au Logement sont loin du compte.
Et, alors même que rien d'essentiel n'est fait pour empêcher les expulsions ou offrir des logements corrects aux plus démunis, Marie-Noëlle Lienemann allait parader, filmée par les caméras de télévision à Porto Alegre, devant les sans-logis brésiliens...