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Divers
La campagne d'Arlette Laguiller
Le 12 mars, à Nancy
680 personnes étaient présentes au meeting d'Arlette Laguiller, le 12 mars à Nancy, une région où, comme dans bien d'autres, il y avait matière à dénoncer les licenciements : " Votre région a connu, comme les autres, son lot de fermetures d'usines et de réductions d'effectifs. En Lorraine, le chômage a augmenté de 11 % en un an. Une augmentation particulièrement marquée dans les Vosges, 18,7 % en un an, à cause des nombreux licenciements dans les entreprises du textile ", a-t-elle constaté notamment.
Fin décembre 2001, il y a eu 526 licenciements avec la quasi-fermeture de l'usine Bata à Moussey. Seuls 35 licenciés ont aujourd'hui retrouvé un emploi, en CDD ou CDI. D'ailleurs sur les 272 licenciés du précédent " plan social " de 1997, à peine plus d'un travailleur sur 4 (79 exactement) travaillent de nouveau.
Il vient d'y avoir 100 licenciements à l'usine Asat de Maxéville. L'usine Actis de Toul est en dépôt de bilan et prévoit également de licencier. A Atofina à Carling (branche chimique du groupe TotalFinaElf), la direction veut supprimer 302 emplois alors que le groupe a augmenté ses bénéfices de 11 % l'année dernière. En octobre dernier, c'était l'usine Flextronics, de Lunéville, qui a fermé, réduisant 210 personnes au chômage. 62 ont retrouvé du travail, mais seulement 20 en CDI !
" Et puis, combien d'entreprises licencient, sans même avoir à se donner la peine d'annoncer des plans de licenciements, car il s'agit d'intérimaires que l'on peut mettre à la porte discrètement, sans avoir la moindre explication à donner " a ajouté Arlette évoquant le cas de la Sovab, filiale de Renault à Batilly, qui a employé jusqu'à 950 intérimaires en même temps et les a licenciés l'année dernière sous prétexte de retournement de conjoncture. A la suite de la lutte menée par la CGT et les intérimaires eux-mêmes, il y a eu une plainte de l'Inspection du travail, et la Sovab vient d'être condamnée à des amendes (1000 euros contre le directeur et 15 000 euros contre la Sovab). " Mais, les intérimaires ne sont pas réintégrés pour autant. Et un intérimaire mis à la porte, c'est un chômeur de plus ! " a souligné Arlette, en constatant par ailleurs que la précarité n'est pas que le lot du privé.
De nombreux journalistes étaient présents à la rencontre avec la presse à l'exception d'une grande absente, la télévision régionale, France 3 Lorraine : la chaîne nous a expliqué qu'elle tenait un décompte scrupuleux des temps d'antenne et qu'Arlette avait déjà eu droit à un passage sur France 3 de 2 ou 3 minutes début janvier, lors de son meeting de Longwy. Pour des raisons " d'équité " avec les autres candidats - a précisé sans rire France 3 -, elle ne pouvait donc pas couvrir le meeting de Nancy !
Le 11 mars, devant l'usine LU-Danone, à Ris-Orangis
Cela faisait un bout de temps que certains et certaines, à l'usine Lu-Danone de Ris-Orangis, demandaient aux militants de l'intersyndicale (CGT, FO, CFTC, CFDT) : " Et Arlette, quand est-ce qu'elle vient nous voir ? ". Lundi 11 mars à midi et demi, donc, le soleil était au rendez-vous et les militants de l'intersyndicale avaient bien fait les choses : braseros pour les saucisses grillées, barnum, tables et chaises prêtées par la mairie de Ris et bonne sono. Arlette dut demander aux envoyés de la presse de s'écarter pour s'adresser aux quelque 80 salariés de l'usine venus l'écouter et discuter avec elle. Rires approbateurs des ouvrières quand notre camarade expliqua qu'il n'y avait aucun soutien à attendre des institutions et du gouvernement. Applaudissements dès qu'Arlette parlait de la nécessité d'une lutte d'ensemble contre les licenciements. Rien d'étonnant de la part de travailleuses et de travailleurs qui avaient été à l'initiative de la manifestation unitaire contre les licenciements du 9 juin dernier à Paris. L'intervention se termina en scandant : " Tous ensemble, tous ensemble, ouais ! ".
La discussion se poursuivit d'abord avec l'intervention d'un des porte-paroles de l'intersyndicale qui rappela que le groupe Danone a dilapidé 14 milliards de francs en trois ans pour soutenir le cours de l'action en Bourse. Il parla également du gouvernement hongrois qui s'est opposé à la fermeture d'une usine en Hongrie, simplement en menaçant Danone de fermer le marché à ses produits (comme quoi quand on veut, on peut...). Un ouvrier dénonça les pressions de la direction faites sur les salariés, en attendant la fermeture du site prévue pour juin 2004, par le biais de l'antenne du REM (Relais Emploi Mobilité), en fait une ANPE-bis interne à l'usine qui ne propose que des emplois bidon (style garde-champêtre, nourrice agrée, et autres petits boulots...) tout en faisant signer aux candidats au " reclassement " des engagements de bonne conduite.
Puis la rencontre s'est poursuivie par petits groupes de façon très chaleureuse autour des sandwiches et des boissons. Réflexions ici et là après le départ d'Arlette : " Elle au moins, ça se voit, elle est sincère, elle est comme nous (...) Quand elle vient, c'est vraiment pour parler avec nous et nous écouter " ; "Elle soutient tout ce qu'on fait, y compris le boycott, pas comme certains"...
Le 9 mars, à Annecy
C'est très chaleureusement qu'Arlette Laguiller a été accueillie à Annecy le 9 mars par les 470 personnes qui se pressaient dans la salle Pierre- Lamy.
En ce jour de réouverture du Tunnel du Mont-Blanc, notre camarade a dénoncé l'attitude de l'Etat qui n'a tenu aucun compte de l'opposition largement majoritaire des populations des communes concernées au passage des camions. D'autant que, malgré les déclarations officielles, les trois ans de fermeture du tunnel n'ont pas été mis à profit pour développer le ferroutage.
Des applaudissements nourris ont ponctué son intervention, en particulier lorsqu'elle a dénoncé les menaces sur l'emploi qui pèsent sur plusieurs entreprises de la région, comme Alcatel, ou la SNR (filiale Renault) qui a multiplié par onze ses profits entre 2000 et 2001, mais n'accorde que 2 % d'augmentation à ses travailleurs, ou encore lorsqu'elle a réclamé la réquisition des entreprises qui licencient !
Le 7 mars, à Saint-Lô
Le jeudi 7 mars, plus de 500 personnes se sont rassemblées dans la salle des fêtes de Saint-Lô pour écouter Arlette Laguiller. Parmi eux, de nombreux jeunes et une majorité de travailleurs de la région en particulier de l'hôpital et surtout de Moulinex, venus à plus d'une trentaine.
Depuis le mois d'octobre dernier, les travailleurs de Moulinex se sont mobilisés contre les fermetures d'usines et les licenciements qui ont suivi le dépôt de bilan. Ils avaient eu l'occasion de retrouver notre camarade Arlette Laguiller à leurs côtés, notamment à la manifestation des Moulinex à Paris, et de se reconnaître dans les idées qu'elle défend contre les licenciements.
A Saint-Lô, l'usine Moulinex n'a pas été fermée mais 134 travailleurs ont été licenciés. Aujourd'hui, c'est encore l'insécurité pour les emplois restants. L'ancienne filiale de Moulinex, qui emploie 300 personnes, la CGME, qui n'avait pas été reprise par SEB, est encore sous administration judiciaire. Mais le seul repreneur déclaré annonce déjà son intention de fermer l'usine de Saint-Lô et de ne garder que 403 salariés sur les 600 que comptent les deux usines CGME.
Arlette Laguiller a été très attentivement écoutée et applaudie quand par exemple elle a dénoncé la politique du gouvernement qui ne créait pas les emplois nécessaires dans les hôpitaux, comme celui de Saint-Lô, ou quand elle a rappelé que les profits engrangés pendant des années par les gros actionnaires de Moulinex n'avaient pas été touchés alors que quelques milliers de salariés se retrouvaient dans la rue avec une prime dérisoire de 80000 F.
Un accueil enthousiaste et chaleureux pour cette première réunion publique avec Arlette Laguiller à Saint-Lô !
Le 6 mars, à Montluçon
Mercredi 6 mars, comme l'a noté la presse locale, la salle du Centre Athanor de Montluçon était pleine à craquer, plus de 400 personnes étant venues écouter Arlette Laguiller, qui venait pour la première fois dans la ville.
On notait de nombreux jeunes, ainsi que des militants syndicaux de toutes les entreprises de la vallée montluçonnaise. Un public attentif et heureux d'entendre défendre les idées communistes. Comme le disait à la fin un militant du PC, " ça fait longtemps que je n'avais pas entendu cela ; ça fait du bien. " Les exemples locaux illustraient malheureusement très bien comment " le patronat mène la lutte de classe ". Dans les grandes entreprises comme Dunlop, mais aussi dans les plus petites.
La veille au soir, en effet, 35 vigiles cagoulés avaient, dans la nuit, pénétré en force dans l'entreprise 2MSI de Commentry, ville voisine, pour vider les ouvriers et récupérer du matériel. Notre camarade fut très applaudie lorsqu'elle dénonça ce coup de force, déclarant notamment : " Pourquoi cette agression ? Parce que les travailleurs n'acceptent pas la fermeture de leur usine et s'opposent à toute sortie des stocks de nacelles qu'ils produisent. Ils considèrent qu'ils ont des droits sur ces nacelles, et à juste titre. D'abord parce que ce sont eux qui les fabriquent, mais aussi parce que l'aménagement de cette usine a été réalisé grâce à une subvention importante de la municipalité de Commentry. Et ce patron qui a touché des millions pour créer son atelier a le culot, maintenant qu'il a empoché l'argent, de jeter ses travailleurs à la rue ! " Et Arlette s'affirma " solidaire des travailleurs de cette entreprise qui ont le droit moral de se défendre et de s'opposer aux méthodes de voyou de leur patron "...
Après l'Internationale, les discussions se prolongèrent fort tard dans le hall, où chacun racontait les problèmes qu'il rencontrait : travailleurs du bâtiment mal payés, avec des travaux dangereux, syndicalistes de l'EDF s'opposant à la privatisation, personnel de l'hôpital s'opposant aux 35h sans embauche...