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Leur société
Schuller libre de " balancer " ?
Didier Schuller, l'ancien élu RPR de Clichy, incarcéré pendant trois semaines à la prison de la Santé après son retour de Saint Domingue, a été libéré sous caution dès le vendredi 1er mars. De quoi regretter de ne pas être revenu plus tôt de son " exil doré ". Son séjour à la Santé l'a vraisemblablement marqué : " C'est bien de réclamer l'impunité zéro. Ce serait mieux de venir ici (à la Santé) en simple visite comme on dit au Monopoly pour se rendre compte des immenses besoins budgétaires " s'est-il exclamé à sa sortie de prison.
Mais cette libération anticipée ne doit pas faire plaisir à tout le monde. Rappelons que Didier Schuller est mis en examen pour " trafic d'influence et abus de biens sociaux ". Devant le juge d'instruction Philippe Vandingenen, il a confirmé avoir obtenu des dons d'entreprises en faveur " des caisses du RPR national " et même avoir bénéficié pour ses propres campagnes électorales des fonds de certaines entreprises comme Bouygues ou la SAE et ce pour un montant d'environ 6 millions de francs (915 000 euros). A charge de revanche bien évidemment. Didier Schuller s'engageait, une fois maire de Clichy, à faire travailler prioritairement les entreprises bienfaitrices.
Rien de bien étonnant à cela lorsqu'on connaît les pratiques de financement coutumières des grands partis politiques. D'ailleurs, Didier Schuller crie haut et fort à qui veut l'entendre qu'il n'est qu'un besogneux porteur de valise, un simple coursier qui ramenait de chez un notaire de Genève les millions en espèces. Voilà donc Schuller, simple lampiste, qui paye pour les autres, voire pour du gratin bien plus haut placé. Ce doit être un pur hasard s'il a fait remarquer au juge que les fonds des entreprises transitaient entre autres par le biais du ministre libanais Rafic Hariri, ami personnel de Chirac.
Toujours est-il que Didier Schuller a tout de même l'impression d'avoir été lâché par ses petits copains du RPR. Il l'a d'ailleurs dit. " Je ne remercie pas ceux qui m'ont fait partir et qui m'ont maintenu en exil pendant sept ans ". Il prépare, paraît-il, un livre pour s'expliquer sur cette affaire. Menaçant à demi-mot, il dit vouloir " rendre compte ". Un objectif louable, certes, mais un peu vaste vu le nombre d'amis chers qui l'entourent, en particulier dans son département des Hauts-de-Seine !