Il aura fallu que des soldats américains trouvent la mort au combat en Afghanistan pour que l'on apprenne que, trois mois après la chute de Kaboul, la guerre y fait toujours rage.

A en croire la presse, l'opération terrestre engagée par les forces américaines le 1er mars serait la plus importante du genre depuis le début de la guerre. Cette fois encore il s'agirait de " réduire " un noyau de quelques milliers de combattants talibans retranchés dans un complexe de grottes creusées dans la montagne près de Gardez, ville située à une centaine de kilomètres au sud-est de Kaboul. Et tout comme lors du pilonnage du complexe de Tora Bora en janvier, l'état-major américain s'est empressé d'ajouter qu'il s'agissait bien sûr de " combattants d'Al-Qaida ".

Quoiqu'il en soit les B-52 ont repris leurs bombardements (si tant est qu'ils les aient jamais arrêtés, ce dont personne ne pourrait jurer). Sauf que cette fois-ci, l'état-major américain expérimenterait pour la première fois en vraie grandeur une toute nouvelle bombe, dite " thermobarique ", combinant des effets incendiaires et explosifs à retardement. Cette bombe, baptisée BLU-118S, aurait la propriété remarquable de réduire en bouillie, sur une distance considérable, les combattants réfugiés dans les flancs de la montagne sans risquer d'abîmer celle-ci. C'est en tout cas ce qu'expliquent fièrement et sans la moindre gêne les " experts " du Pentagone chargés des relations avec la presse. Et déjà près de 300 bombes de ce type, d'une tonne chacune, auraient été déversées sur les issues supposées du complexe visé.

Que cette bombe très " écologique " soit à la fois une arme chimique (normalement bannie par des traités internationaux que Bush n'a pas encore dénoncés) et une nouvelle " arme de destruction massive ", ne vient même pas à l'esprit des galonnés du Pentagone. Et on peut être sûr que cela n'empêchera pas Bush de continuer à menacer le peuple irakien des foudres impérialistes, sous prétexte que Saddam Hussein pourrait développer des " armes de destruction massives " guère plus puissantes que des pétards comparées à cette bombe " thermobarique ".

Combien de cadavres les pilonnages américains laisseront-ils cette fois-ci encore, non seulement parmi les combattants talibans qu'ils pourchassent mais aussi parmi les villageois de la région ? Et jusqu'à quand Bush poursuivra-t-il cette guerre qui en plus d'être ignoble tourne à la folie, aussi absurde que criminelle ? Déjà dix soldats américains ont trouvé la mort dans cette opération. Combien en faudra-t-il d'autres pour que cesse le bruit des bombes sur l'Afghanistan ?

Il faut noter néanmoins que, cette fois, les troupes américaines ne sont pas seules sur le terrain. Des contingents canadiens, allemands, australiens et français seraient présents à leurs côtés. Qui plus est, en ce qui concerne la France, pour la première fois, des avions français participeraient aux bombardements. Que ne feraient pas le petit impérialisme français et ses dirigeants Jospin et Chirac, en cela tout à fait d'accord, pour être présents à la curée contre une armée défaite et un peuple sans défense ?