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- Lutte ouvrière n°1753
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Dans les entreprises
La Poste de Beauvais : Les postiers contre le licenciement d'un facteur
En novembre 2001, à La Poste de Beauvais, une prise de bec eut lieu entre un facteur et ses responsables. Le ton monta, des insultes furent échangées entre la directrice de l'établissement et le facteur.
Trois mois plus tard, le 14 février, le facteur reçoit une lettre recommandée le convoquant à un entretien préalable à licenciement.
Des prises de bec au Centre de Distribution de Beauvais, il y en a tous les jours, d'autant plus que les conditions de travail s'aggravent régulièrement. Il manque du personnel, une partie d'entre nous ne peut assurer son travail qu'en dépassant ses horaires. On nous promet des embauches qui n'arrivent pas, les jeunes recrutés en contrats à durée déterminée ne tiennent pas le coup et s'en vont parfois au bout de quelques jours ! Bref, il faut que nous soyons au four et au moulin, et c'est une situation de ce genre qui a déclenché l'incident en question.
L'annonce de cette lettre de licenciement nous a tous indignés. La CGT ayant immédiatement déposé un préavis de grève pour le jour de l'entretien préalable, de nombreux facteurs sont venus voir ses militants pour leur dire " Cette fois, je ferai la grève ". Et le jeudi 21, nous étions 70 à manifester dans les rues de Beauvais, depuis le Centre de Distribution jusqu'à la Direction départementale, pour soutenir notre collègue. Certains qui étaient en congés sont revenus exprès, et seule une poignée d'irréductibles est restée au travail. Du jamais vu depuis la grève de 1974, aux dires des plus anciens.
Mais cela n'a pas suffi à faire reculer la direction, pas plus que le fait que notre collègue se soit excusé. Au contraire, au cours de l'entretien préalable, elle a chargé la barque en ressortant de vieilles broutilles, dont certaines frisent même l'invention pure et simple ! Aussi, le cas de notre collègue sera soumis à l'instance disciplinaire de La Poste, la Commission consultative paritaire (CCP).
Sur le moment, que la direction n'ait pas cédé du premier coup a fait l'effet d'une douche froide. Mais dès le lendemain, nous nous sommes réunis à une quinzaine, bien décidés à nous battre avec énergie contre ce licenciement. Nous avons commencé en couvrant le Centre de distribution de centaines d'autocollants manuscrits de protestation, et en scandant des slogans pendant le travail. Il s'agit de se faire entendre auprès des autres postiers de Beauvais et du département, en distribuant un tract et une pétition lancés par la CGT, et surtout convaincre le maximum de postiers qu'il faudra s'y remettre tous ensemble si nous voulons vraiment empêcher le licenciement de notre collègue.