Hue " constructif "... pour l'influence électorale du Parti Socialiste ?01/03/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/03/une1753.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Hue " constructif "... pour l'influence électorale du Parti Socialiste ?

Robert Hue et les dirigeants du PCF se présentent désormais comme des champions de l'audace sociale. Une audace que l'on n'a guère eu l'occasion de vérifier sur le terrain des luttes sociales, sauf de la part de militants qui n'étaient guère relayés par leurs dirigeants, pas plus qu'ils ne l'étaient par leurs députés.

On les a plutôt vus, sans aucune audace, se lancer dans de savants calculs à l'Assemblée nationale, pour éviter que par leur vote ils ne mettent dans l'embarras Jospin, et le gouvernement. Et pourtant, Hue et les dirigeants du PCF l'ont assez répété, sans les voix des députés du PCF Jospin n'avait pas la majorité. Mais à quoi une telle situation a-t-elle servi en cinq ans, lorsqu'il aurait été nécessaire de s'opposer aux mesures antiouvrières du gouvernement ? A faire l'appoint des voix permettant au gouvernement de faire passer ses projets.

Robert Hue tente de se donner le beau rôle en opposant ceux qui, comme lui, seraient " constructifs ", à ceux qui se réfugieraient dans une attitude " stérile et protestataire ". " Crier sans construire ", expliquait-t-il récemment devant la presse " c'est donner raison à ceux qui disent qu'il n'y a aura plus jamais rien à faire . Dans ce cas, et c'est à Arlette Laguiller que je pense, on invite les Françaises et les Français à la protestation véhémente et à la révolte, mais aussi au refus de tout engagement, de toute prise de responsabilité tant que le système n'est pas tombé. "

Ce n'est ni de l'audace, pour reprendre le slogan du PCF, ni de l'outrecuidance que de penser que la révolte quotidienne est plus que jamais à l'ordre du jour, face à la politique du grand patronat. Mais tout autant face à la complicité ouverte d'un gouvernement, dans lequel siègent, satisfaits, des ministres communistes. Et cette complicité du gouvernement, elle ne date pas du dernier discours de Jospin, le 21 février dernier. C'est une constante du gouvernement de la gauche plurielle depuis cinq ans. Elle remonte même à bien plus loin dans le temps, lorsque l'on prend en compte les vingt années durant lesquelles le Parti Socialiste a été à la tête des institutions, à l'Elysée et à Matignon. Elle date de 1981 en fait.

Savoir prendre des responsabilités, oui, nous le faisons. Mais encore faut-il savoir lesquelles. Il faut choisir entre la responsabilité de cautionner, par exemple, la mise en place par le gouvernement Jospin du plan Juppé, ou celle qui consiste à agir pour organiser les salariés pour qu'ils soient en capacité de s'opposer aux mesures qui entament gravement leurs acquis et compromettent parfois leur existence et celle de leur famille.

Oui, il faut choisir d'être dans le camp des travailleurs, résolument, sans la moindre ambiguité, ou de se mettre à la remorque des Jospin, Strauss-Kahn, Fabius, Aubry, Guigou, qui se retrouvent dans le camp du patronat, des Michelin, Riboud, Bata, Desmaret et de bien d'autres. Ce sont eux qui font la loi, et devant eux les dirigeants socialistes se déclarent impuissants, car, ils le disent, ils se refusent de dicter la loi aux patrons.

Organiser ceux qui, devant les plans dits sociaux, crient leur rage de se voir jeter dans la pauvreté, ce n'est pas rien. C'est bien plus nécessaire, et efficace, du point de vue des classes laborieuses que d'essayer de leur faire croire qu'il n'y aurait rien d'autre à faire que de se contenter des maigres indemnités de licenciement qu'on leur concède, après des révoltes qu'on a laissées isolées.

Oui, il faut construire un rapport de forces face au patronat. C'est une priorité de tous les instants qui suppose que tous les militants ouvriers, dont les militants de Lutte Ouvrière, contribuent ensemble à organiser ceux qui subissent les mauvais coups des patrons.

Ce n'est pas la même chose, certes, que d'échafauder des combinaisons politiciennes pour tenter d'assurer des postes d'élus, parfois de ministres, dont le PCF n'est même pas sûr qu'il les sauvegardera. Car ces fauteuils ministériels dépendent bien plus du choix des socialistes, que de celui des électeurs. En effet, même si le Parti Socialiste redevenait la principale composante d'une future majorité, encore faudrait-il qu'il accepte de renouveler l'alliance avec le PCF. Rien ne le garantit. Les oeillades de Jospin à destination de l'électorat dit du centre, façon pudique de parler de la droite, montrent que l'hypothèse d'un non-renouvellement de l'alliance dite " gauche plurielle " n'est pas à exclure.

Hue et les dirigeants du PCF, inclus ceux qui les ont précédés à la tête de leur parti, ont su surtout construire des années durant l'influence actuelle du Parti Socialiste dans les milieux populaires, au détriment de leur propre influence.

Ni les militants de leur parti ni les travailleurs ne peuvent leur dire merci.

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