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Leur société
Fabius prépare la retenue à la source
Le ministre des Finances, Laurent Fabius, a fait publier par son ministère une note explicative sur les modalités que pourrait prendre la retenue à la source de l'impôt sur le revenu, un projet de réforme qui pourrait venir alimenter la campagne présidentielle.
En effet, on sait déjà que le RPR comme le Parti Socialiste en sont partisans. Il reste à savoir si leur candidat en campagne s'en emparera. On voit en tout cas que l'un ou l'autre, une fois élu, n'ont pas grand-chose de différent à nous réserver.
Pour appâter les particuliers, le ministre met en avant la simplicité du système et fait même miroiter l'éventualité de l'abandon par son ministère d'" un an d'impôt " (il est en effet difficile de passer du système actuel à celui-ci du fait que le paiement de deux années d'impôts se chevaucherait). Mais, en pratique, cette réforme aurait pour conséquence de faire prélever les impôts par les entreprises, ce qui signifierait que les patrons auraient connaissance de tout ce qui concerne leurs salariés : situation familiale, etc. C'est déjà plus ou moins le cas, mais là, ce serait obligatoire et certainement pas souhaitable.
Et puis, outre rendre les salariés entièrement transparents à leurs employeurs, la retenue à la source n'est pas sans présenter d'autres inconvénients dans les pays qui la pratiquent (Italie, Royaume-Uni, notamment). En cas d'erreur dans l'imposition, il faut du temps pour récupérer un trop-perçu d'impôts, si on y parvient...
Du côté des syndicats, on soupçonne que cette réforme pourrait être une autre façon de parvenir à démanteler le système actuel de perception des impôts, ce que le prédécesseur de Fabius, Christian Sautter, n'était pas parvenu à faire, puisqu'il avait dû jeter l'éponge face à la grève des travailleurs du secteur des impôts.
On peut aussi se demander si ce ne sera pas une occasion de réduire encore la progressivité de l'impôt, déjà bien rognée ces dernières années au nom d'une prétendue " baisse de l'impôt ", une orientation qui a surtout bénéficié aux tranches élevées en réduisant leur part proportionnellement plus que celle des basses tranches.
Toujours est-il qu'il n'y a vraiment pas de raison pour que les travailleurs acceptent un système qui présentera surtout des avantages pour les employeurs, en leur donnant à gérer cette nouvelle trésorerie, en même temps que la vie de leurs salariés n'aura plus de secret pour eux.
S'il y a une réforme urgente, ce n'est pas celle-là, mais pour ainsi dire la proposition inverse : que ce soit, au contraire, les sources de profits des employeurs qui deviennent transparentes, pour leurs salariés et même pour l'ensemble de la société, pour qu'on sache enfin ce que le patronat fait des profits issus de l'exploitation des travailleurs.
Cette réforme-là n'est évidemment absolument pas dans les cartons des candidats PS et RPR. En revanche, elle fait partie du programme que défend Arlette Laguiller...