- Accueil
- Lutte ouvrière n°1751
- Les ex-salariés de Moulinex attendent toujours...
Leur société
Les ex-salariés de Moulinex attendent toujours...
Quatre mois et demi après le dépôt de bilan de Moulinex, les anciens salariés de cette entreprise n'ont toujours pas vu arriver la "prime additionnelle" de licenciement qu'on leur avait promise.
Cet automne, les usines normandes de Moulinex avaient été bloquées par leurs travailleurs auxquels venait d'être annoncé un plan dit social, qui se traduisait par de très nombreux licenciements. Les autorités et des dirigeants syndicaux avaient alors présenté cette prime comme le maximum de ce qu'il aurait été possible d'arracher à la direction. Une prime pourtant dérisoire puisqu'elle s'étage de 30 000 à 80 000 F, selon l'ancienneté, pour des travailleurs qui ont parfois passé des dizaines d'années de leur vie à Moulinex et risquent fort de ne jamais retrouver un emploi. En fait, cette présentation des choses n'avait qu'un seul but démobiliser à peu de frais les salariés de Moulinex et leur faire quitter les usines. Aujourd'hui, à Cormelles-le-Royal (près de Caen), seuls quatre salariés de l'usine ont retrouvé un travail. Quant aux autres, et alors qu'ils n'ont même pas touché leur solde de tout compte, ils attendent toujours la prime promise. L'organisme chargé du versement des indemnités en cas de liquidation d'une entreprise, s'y refuse. Quant à l'Etat, qui avait promis de débloquer les fonds, il n'a toujours rien fait. Que d'anciens salariés de Moulinex n'aient rien touché depuis le 21 décembre, que de nombreuses familles ouvrières se trouvent dans une situation dramatique, c'est le cadet des soucis des pouvoirs publics, en dépit des promesses qu'ils avaient faites à chaud, pour calmer l'émotion suscitée par ces licenciements.
Mais tout le monde n'est pas à plaindre. Car les fortunes accumulées sur le dos de leurs salariés par les actionnaires de Moulinex, elles, se portent bien. A Moulinex, comme ailleurs en pareil cas, c'est là qu'il faudrait piocher, c'est cet argent-là qu'il faudrait mettre. à contribution. Et pas seulement pour assurer le versement immédiat d'une prime de misère, mais pour garantir les salaires de travailleurs qui, à la différence des actionnaires, perdent tout quand une entreprise ferme.