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- Lutte ouvrière n°1751
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Dans les entreprises
Alcatel CIT Nanterre (92) : "Vous n'avez plus votre place ici"
La Microélectronique est le dernier atelier de production d'Alcatel CIT en région parisienne. Il emploie 60 personnes, menacées par la fermeture pure et simple de l'atelier.
Lorsque le nom d'Alcatel n'apparaît pas dans la raison sociale de l'établissement à fermer, Tchuruk, le PDG du groupe Alcatel, ne prend pas de gants. Les travailleurs d'Info Electronique, des sous-traitants en Alsace, en font l'amère expérience : l'entreprise est en redressement judiciaire et les salariés sont menacés d'être jetés à la rue. Dans d'autres cas, Alcatel se débarrasse du problème en vendant les usines. Ainsi Flextronics, qui a racheté l'usine de portables de Laval, a fermé son établissement de Lunéville dans l'Est en mettant plusieurs centaines de travailleurs à la rue.
A Nanterre, la direction fait preuve de plus d'hypocrisie pour arriver à réduire les effectifs. La direction a proposé de l'argent aux plus jeunes embauchés, actuellement prêtés à Toulouse. Un an de salaire, soit 150 000 F, s'ils partent tout de suite. Pour les autres, l'entreprise de démoralisation a commencé. Un premier entretien de plusieurs heures avec le chef de service, un autre avec le chef du personnel et, enfin, avec la "boîte à outil", nom que la direction donne à la psychologue qu'elle emploie pour l'aider dans sa tâche. Leur message : "Vous n'avez plus votre place ici, il faut faire une croix sur Alcatel, vos emplois sont maintenant en province", comme ces 15 postes taillés sur mesure pour 15 travailleurs de chez Meusonic, un sous-traitant qui se trouve à la frontière luxembourgeoise. Cette entreprise aurait du travail, mais elle n'arrive pas à garder son personnel, faute... de salaires corrects ! On a aussi suggéré à certains de devenir chauffeurs de bus ou d'aller aux Assedic et, pour arrondir les fins de mois, de garder des enfants...
Quelques réactions ont déjà eu lieu à Nanterre. Suite à la proposition de travailler au noir, l'ensemble du personnel du secteur a débrayé pour protester contre de telles méthodes. Et une pétition a circulé, exigeant des formations adaptées pour tous ceux qui le souhaitent, des reclassements dans le groupe pour d'autres et, pour les plus anciens, une préretraite payée par Alcatel, comme cela se pratique déjà.
Tchuruk est le PDG le mieux payé du pays : 131 millions de francs par an. Son salaire est peut-être indexé sur le nombre de suppressions d'emplois réussies ? Nous ne sommes pas du tout décidés à être les acteurs de sa prochaine augmentation !