Robert Hue radicalise son langage, mais pas ses actes01/02/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/02/une-1749.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Robert Hue radicalise son langage, mais pas ses actes

A l'émission sur France 2 à laquelle Hue était invité jeudi 24 janvier, le dirigeant du Parti Communiste Français a développé ses axes de campagne. Il a déclaré qu'il fallait de " l'audace sociale ", et que " ceux qui font des promesses et qui ne disent pas quels moyens ils envisagent pour les tenir vous trompent. Si on ne s'en prend pas à l'argent, c'est du baratin. "

Depuis quelques mois, Hue radicalise son langage, campagne électorale oblige. Mais il ne se montre sous un jour plus radical que lorsqu'il s'adresse aux électeurs potentiels. Car " prendre l'argent aux revenus financiers ", c'est de Jospin qu'il faudrait l'exiger avec fermeté. Et les ministres communistes, et en particulier Marie-George Buffet, à la fois secrétaire du PC et ministre de Jospin, seraient tout de même bien placés pour le faire.

On n'entend pas les ministres communistes sommer Jospin d'arrêter de distribuer les cadeaux et subventions au patronat, pour embaucher dans les services publics. Ils n'exigent pas de lui qu'il augmente l'impôt sur les sociétés pour trouver l'argent nécessaire à ces embauches. On ne voit pas non plus les députés communistes voter contre les lois contraires aux intérêts des travailleurs. On ne voit même pas Robert Hue menacer Jospin de ne pas appeler à voter pour lui au second tour, s'il ne s'engage pas à faire, au moins, ce qu'il revendique, même si c'est dérisoire. En effet, taxer les revenus financiers, ce n'est pas l'essentiel et tout dépend de combien. Ce sont tous les revenus du capital qu'il faut taxer lourdement et augmenter l'imposition des bénéfices colossaux des grandes entreprises, au lieu de la diminuer comme Jospin l'a fait récemment.

Robert Hue peut déclarer, entre autres, que la gauche doit avoir le courage de " s'attaquer au fric de la spéculation, tant pour augmenter les salaires que pour garantir la qualité des services publics ", il ne met rien dans la balance pour l'imposer réellement à Jospin, d'autant qu'il ne dit pas où finit le fonctionnement dit normal de la Bourse et où commence la spéculation.

" Si la gauche ne gagne pas ", pouvait-on lire dans les colonnes de l'Humanité des samedi 26 janvier et dimanche 27 janvier, " ce sera la revanche du Medef et d'une droite qui lui emprunte le pas, les idées ". Mais Jospin, depuis bientôt 5 ans qu'il est Premier ministre, n'emprunte-t-il pas les idées du patronat ?

Les dirigeants PCF disent tirer un bilan " critique " du gouvernement, mais ils continuent à dire qu'il est bien un gouvernement de gauche. Ils ménagent ainsi l'avenir du candidat Jospin, avec la énième version du désormais vieil argument : " La gauche, c'est quand même moins pire que la droite ".

Tout ce que le Parti Communiste se prépare à faire durant sa campagne aux présidentielles, c'est de ramasser au premier tour les voix de travailleurs que Jospin est trop discrédité pour obtenir, afin de les lui offrir sans contrepartie au second tour. Pour qu'en échange, plus tard, le Parti Socialiste, s'il gagne les élections, redonne au PCF quelques strapontins ministériels.

Tout cela n'est sûrement pas de nature à inspirer confiance à ceux des militants et sympathisants communistes, qui sont maintenant convaincus que Jospin est bien dans le camp du patronat.

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