- Accueil
- Lutte ouvrière n°1749
- "La vie en mieux" ? A d'autres !
Editorial
"La vie en mieux" ? A d'autres !
La délinquance aurait beaucoup augmenté l'année dernière et beaucoup plus dans les campagnes que dans les villes. Ce serait la petite délinquance qui en serait principalement responsable.
Cette petite délinquance, ceux qui vivent dans les quartiers populaires ne la subissent pas tous, même s'ils en connaissent tous les effets. Cela contribue à augmenter ce que la presse et les hommes politiques appellent le sentiment d'insécurité, voire l'insécurité tout court.
Il suffit d'avoir à prendre régulièrement un autobus ou un train de banlieue, le soir, pour l'avoir à coup sûr éprouvé. La presse nous affirme que la lutte contre cette insécurité sera le thème essentiel de la campagne présidentielle.
Certainement on nous en parlera beaucoup et on nous promettra de tous côtés de la diminuer. Mais les gouvernants, qu'ils soient de droite ou de gauche, n'ont pas empêché la délinquance de monter, depuis des années, et n'y changeront rien à l'avenir. Pour cela, ce sera comme pour le chômage, ils promettent beaucoup mais une fois élus ne tiennent jamais. Ils n'empêcheront pas plus la délinquance qu'ils n'ont empêché les licenciements.
De remède simple, il est vrai qu'il n'y en a pas. Pour certains, il faut que les lois soient plus répressives, les policiers plus présents et les juges plus fermes.
Mais va-t-on enfermer pour dix ans un jeune pour avoir volé à l'arraché un téléphone portable ? Ou même pour un an ? Uniquement les récidivistes ? Mais un jeune qui a une fois oublié ses papiers et est condamné pour " rébellion " pour avoir protesté parce qu'on l'a fouillé plus ou moins brutalement et qui, un an plus tard, vole un portable, sera-t-il un récidiviste aux yeux de la justice ? A ce compte-là, il faudrait doubler le nombre des prisons et tripler celui des gardiens... et des policiers. La répression n'a jamais empêché les délits. La peine de mort n'a jamais empêché les crimes. De solution, il n'y en a pas sans changer beaucoup de choses dans la société.
Mais si on nous parle beaucoup, dans la presse et dans les discours, du sentiment d'insécurité dans les villes et les banlieues, qui nous parle, avec autant d'insistance, du sentiment d'insécurité de tous les travailleurs quant à l'avenir de leur emploi ?
Pourtant, l'angoisse des travailleurs à cause de l'insécurité de leur emploi -car l'annonce d'un licenciement collectif peut les frapper sans prévenir- est une angoisse bien plus justifiée statistiquement et bien plus profonde que celle de se faire agresser. Il n'y a aucune campagne de presse à ce propos et, pourtant, il y a bien plus de victimes de ce fait, souvent aussi graves.
Les journalistes vont parfois interviewer des licenciés pour montrer leurs larmes au journal télévisé, mais ils ne vont pas interviewer les travailleurs en contrat à durée déterminée, ou intérimaires pendant des mois et des années.
Le Parti Socialiste, actuellement au pouvoir, a réuni ses cadres, le week-end des 26 et 27 janvier, pour leur présenter son slogan de campagne intitulé " La vie en mieux, la vie ensemble ".
" En mieux ", il n'aurait sûrement pas de mal, mais " la vie ensemble ", qu'est-ce que cela veut dire ? Va-t-il demander aux licenciés d'AOM d'être solidaires avec Seillière, leur ex-patron ? Va-t-il demander aux licenciés de Moulinex, de Danone, de Valéo, de Bosch, de Philips, de Bata, de Dim, d'Alcatel et bien d'autres encore, licenciés 50 par 50 ou 1 000 par 1000, d'envisager à l'avenir d'être dans le même camp que leur ex-patron ?
Les dirigeants du Parti Socialiste, oui, vont vivre ensemble car ils sont du même monde, avec les Seillière et ce qu'ils représentent, mais ils ne vivront ni avec ni pour les travailleurs.
Alors, profitons un peu des élections qui viennent pour leur donner un aperçu de l'insécurité de l'emploi.