Généraux : Leur "civilisation" et ses défenseurs01/02/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/02/une-1749.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Généraux : Leur "civilisation" et ses défenseurs

Dans un " manifeste des officiers généraux ", 490 généraux ayant servi en Algérie, entre 1954 et 1962, répondent aux critiques sur le rôle de l'armée française pendant la guerre d'Algérie.

La " pacification " dont ils ont été les instruments aurait permis d'assurer " l'enseignement dans les écoles ", la " formation des cadres ", d'apporter des " soins " à la population et prévenir les " maladies ", d'oeuvrer aux " constructions " et d'effectuer des " travaux publics ". La mission de l'armée française aurait donc été ainsi une mission civilisatrice.

Mieux encore, la présence de troupes françaises aurait garanti l'exercice " des droits civiques et des libertés fondamentales ". Le fait que des dizaines de milliers d'hommes et de femmes aient pris les armes pour se battre au péril de leur vie, avec le soutien de la majorité de la population algérienne, pour pouvoir accéder à la dignité et qu'on cesse de les considérer comme des citoyens de seconde zone dans leur propre pays, n'a pas ébranlé les certitudes de ces galonnés. L'idée que, si ces gens se révoltaient contre cette prétendue civilisation qu'on " leur apportait ", c'était pour des raisons profondes, n'a pas réussi à remonter en 50 ans jusqu'à leur cervelle.

Ils prétendent que, " s'il y eut des dérives, elles furent marginales et en contradiction avec les méthodes voulues et les objectifs poursuivis par la France et son armée ". C'est faux. Mais même si elle avait été limitée à quelques sévices, qu'est-ce que cela change à l'ignominie de la chose ? Les généraux Aussaresses et Massu ont récemment reconnu eux-mêmes que la torture s'est généralisée à cette époque ! Ces témoignages de généraux tortionnaires corroborent ceux, connus depuis longtemps, de leurs victimes algériennes.

Les massacres de civils, les ratissages dans les villages, les destructions de maisons et de récoltes étaient monnaie courante à cette époque en Algérie. D'ailleurs, ces exactions n'étaient que le prolongement de celles qui, durant plus de cent ans, ont marqué la " présence de la France " en Algérie, cette prétendue civilisation dont les généraux se prétendent les hérauts.

Arrestations et disparitions, tortures et assassinats furent le lot quotidien de la population algérienne. La " sale guerre " fit un million de morts côté algérien et des dizaines de milliers côté français. Tel a été le véritable rôle de l'armée française, instrument des intérêts de la domination coloniale et dont les exactions ont été commandées par le pouvoir politique à Paris, c'est-à-dire par des hommes comme Mitterrand et quelques autres, dont on a escamoté les responsabilités dans ces actes.

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