Toulouse, 4 mois après la catastrophe : Tout se complique et rien ne se règle25/01/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/01/une-1748.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Toulouse, 4 mois après la catastrophe : Tout se complique et rien ne se règle

A Toulouse, quatre mois après la catastrophe, dans la moitié des appartements les réparations définitives n'ont toujours pas été effectuées. Les habitants sont noyés dans un maquis de procédures qui épuisent l'énergie. Le collectif des sans-fenêtres ne cesse d'être présent. Le 21 janvier, quatre mois après la catastrophe, 80 sinistrés se sont réunis, racontant le scandale de leur vie quotidienne, et pour décider une nouvelle manifestation, le 23 janvier, avec le dépôt à la mairie et à la préfecture d'un cahier de doléances... et de quelques fenêtres fracassées.

Les sinistrés vivent dans des appartements qui ne sont toujours pas réparés. Les travaux ont avancé dans le parc HLM, mais tout est loin d'être fini. Et on fait signer aux locataires la fin des travaux sur les fenêtres simplement pour signifier qu'il faut recommencer à payer le loyer d'origine, même si les fenêtres sont encore disjointes et si les travaux intérieurs ne sont pas finis.

Mais c'est dans les copropriétés privées des cités pauvres que la situation est la plus difficile. A la Cité du Parc, seulement le quart des fenêtres a été replacé. Les fenêtres cassées continuent à joncher la cour, au milieu des éclats de verre. Des ascenseurs sont en panne en permanence, parce que la société Otis semble-t-il fait pression pour qu'ils soient remplacés. Le chauffage par le sol a beaucoup souffert, des fuites se sont déclarées. La solution trouvée par le syndic a été de fermer le chauffage dans les appartements concernés : sans chauffage donc, en plus d'être sans fenêtres !

Des entreprises ne respectent pas les délais, commencent puis abandonnent les chantiers, posent des portes pré-peintes et avertissent que la peinture n'est pas prévue, parce que l'expert des assurances a décrété qu'il s'agirait d'un embellissement ! Les travaux sont rarement faits à l'identique, les devis étant prévus par les assurances pour des modèles standards.

Il y a énormément de malfaçons, ce qui oblige à de nouvelles démarches pour contester... et à de nouveaux retards.

Les rapports locatifs sont très difficiles. Il est insupportable d'être obligé de payer un loyer pour un appartement cher et pas réparé. Une disposition légale permet de baisser à l'amiable le loyer, TotalFina compensant la perte au propriétaire. Sauf qu'une majorité de propriétaires refuse l'idée de cet accord, et que le locataire est alors conduit, pour faire valoir ses droits, à engager des démarches longues, sans aucune garantie d'obtenir satisfaction. Et à payer en attendant ! Il semble que parfois ce sont les agences immobilières qui refusent l'accord amiable, parce qu'elles sont payées au pourcentage !

Concernant les impôts locaux, il n'y a aucune règle. C'est vraiment à la tête du client. Dans certaines rues, il y a exonération. Dans le même escalier de la Cité du Parc, il y a refus de dégrèvement pour certains, 600 F ou 800 F de dégrèvement ou la taxe divisée par deux pour d'autres. Pourquoi ? On ne sait pas.

Aussi n'est-il pas étonnant que malgré la fatigue et le découragement, il se trouve quand même encore suffisamment d'habitants en colère pour que la lutte continue.

A la réunion du collectif, lundi 21 janvier, plusieurs habitants ont insisté pour que la lutte collective continue, même si chacun est bien obligé de traiter tant bien que mal sa montagne de dossiers.

Car il faut que cette situation soit connue, que la scandaleuse inertie des pouvoirs publics soit encore et toujours dénoncée.

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